L’hiver nucléaire est une menace identifiée depuis une quarantaine d’années. C’est le changement climatique qui se produirait pendant une dizaine d’années suite à une guerre nucléaire. Un changement brutal qui abaisserait la température de la surface de la terre. De nouvelles analyses précisent maintenant mieux le phénomène.
Ce dernier a été étudié en détail avec des modèles météorologiques. Quelques centaines de bombes nucléaires qui exploseraient sur des villes produiraient des nuages de suie et de poussière dans la très haute atmosphère qui obscurciraient la surface terrestre, ce qui ferait chuter la température au niveau du sol. Les quelques 500 essais nucléaires atmosphériques qui ont été faits au-dessus d’océans n’ont pas créé d’incendies, ils ont eu, en conséquence, un effet presque imperceptible sur l’ensoleillement que certains attribuent néanmoins à la pause du réchauffement climatique de 1960 à 1980. Les modèles météorologiques montrent que les poussières produites dans une région précise, par exemple dans une guerre Inde-Pakistan, se déplacent en quelques jours d’abord dans tout l’hémisphère nord, puis gagnent ensuite l’hémisphère sud.
L’exemple phare de ce phénomène est celui de l’irruption du volcan Tambora en Indonésie en 1815. L’année 1816 fut « sans été », les récoltes ont été compromises et ce furent des famines créant de graves troubles sociaux aux Etats-Unis et jusqu’en Europe !
Quelques bombes suffiraient …
L’hiver nucléaire peut donc se produire après l’explosion de quelques centaines de bombes. Avec quelques milliers de bombes, un refroidissement de plus de 10 degrés pendant un an se prolongerait une dizaine d’années ; cela changerait également la pluviométrie et ferait mourir de faim une grande partie de l’humanité. Dans notre monde « mondialisé » actuel, le phénomène serait amplifié pour deux raisons et l’explosion de quelques bombes suffirait à créer des famines. La première raison est le fait qu’une grande partie de la population mondiale est en limite de malnutrition, toutes ces personnes seraient évidement condamnées à mourir de faim très rapidement. La deuxième raison est liée à l’organisation économique mondialisée actuelle, l’équilibre production/consommation est très fragile, une production compromise dans une partie du monde entraîne une flambée des prix généralisée et les pays les plus fragiles ne peuvent plus s’approvisionner dans ces conditions.
Les 16 000 bombes nucléaires actuelles et le réchauffement climatique sont certainement les deux menaces majeures. L’argent gaspillé pour les bombes nucléaires (100 milliards d’euros par an) est précisément l’argent qui devrait être consacré à la lutte pour le climat comme préconisé à la COP15 à Copenhague en 2009. Nos élites sont elles de bonne foi lorsqu’elles se disent préoccupées par l’avenir des générations futures ?
Dominique Lalanne