Le Contrepied est une société coopérative de cinq salariés, installée au nord de Rennes, qui "vend du temps de cerveau disponible pour la transformation sociale", expliquent avec ironie ses animateurs.
Désintoxiquer de la langue de bois
Ses interventions visent, selon les situations, à outiller les désirs de démocratie interne d’une association ou d’un collectif militant (connaissez-vous par exemple les élections sans candidat ?), à partir dans la rue pour y faire naître des débats de société avec les Porteurs de parole, à se désintoxiquer de la langue de bois...
Au-delà de la transmission d’outils, œuvrer à la transformation sociale constitue le cœur de l’éducation populaire politique dont ses membres se revendiquent.
Le Contrepied développe ses actions également vers le mouvement syndical, pour y partager ses savoirs-faire sur l’animation des réunions notamment, et les coopératives, pour y partager l’expérience autogestionnaire acquise au long de l’expérience de la coopérative Le Pavé, dont proviennent quatre des cinq salariés actuels.
Des questions
Quand on est bénévole ou salarié d’une structure qui se revendique de l’éducation populaire, vient tôt ou tard le moment du "Pourquoi ?" : pourquoi la structure court-elle après l’argent, pourquoi on ne s’adresse que peu ou pas aux classes populaires, pourquoi on enchaîne les "projets" ? Le Contrepied utilise ces questionnements pour travailler les contradictions qui animent la plupart des professionnels ou militants, sans se mettre d’ailleurs au-dessus de la mêlée : dans une SCOP, on est à la fois salarié et employeur... pas facile à gérer !
Si l’équipe partage des valeurs et pratiques libertaires, des influences diverses viennent s’y greffer : décroissantes, féministes, syndicales ou non-violentes par exemple. Le Contrepied est attaché à son indépendance financière.
Ne pas être binaires
Pour autant, si les grilles idéologiques, féministes, écologistes ou syndicales ont le mérite d’aider à désigner l’ennemi, elles ont souvent le défaut de réduire le réel à deux camps, celui du bien et celui du mal.
Il faut donc prendre tout à la fois le contrepied de la pensée militante trop souvent binaire, avec ses méchants capitalistes et ses gentils révoltés, et de la pensée dominante cultivant l’impuissance : "A quoi bon chercher à changer quoi que ce soit ?"
Refonder une éducation populaire capable de réconcilier pensée complexe et pouvoir d’agir, c’est le pari de cette petite coopérative bretonne.
Propos recueillis par Monique Douillet
Le Contrepied organise des stages de formation : "De la colère à l’action collective", "Susciter la participation", “Education populaire et transformation sociale”… des interventions “sur site” et des conférences gesticulées : Le plein d’énergie, Water-causettes, Travailler moins pour gagner plus, Les incultes, une autre histoire de l’engagement, Famille, je vous haime. Elle diffuse également des publications sous forme de DVD et de cahiers thématiques sur le projet, la participation, les histoires de vies.
Le Contrepied coopère avec cinq autres structures d’éducation populaire : L’Orage (à Grenoble, www.scoplorage.org), l’Engrenage (à Tours, http://lengrenage.blogspot.com), la Coopérative du Vent debout (à Toulouse, www.ventdebout.org), la Trouvaille (à Rennes, http://la-trouvaille.org, coopérative féministe).
Le Contrepied, 10, Basse Rue, 35250 Saint-Germain-sur-Ille, tél : 09 64 04 95 42, www.lecontrepied.org, contact@lecontrepied.org.
(1) Sociétés coopératives de production
