En octobre 2015, première publication d’une étude épidémiologique sur les cancers de la thyroïde depuis l’accident de 2011. L’équipe dirigée par Toshihide Tsuda, épidémiologiste environnementale à l’Université d’Okayama, conclut que le cancer de la thyroïde a déjà augmenté d’un facteur de 20 à 50 dans la province de Fukushima par rapport au reste du Japon. L’étude porte sur un échantillon de 370 000 personnes. Il ne fait aucun doute, dit-elle, que la hausse constatée est liée à la propagation du nuage radioactif… mais le Centre national sur le cancer a tout de suite déclaré qu’il était encore trop tôt pour se prononcer. L’affaire a provoqué de nombreuses polémiques dans les médias au cours des jours qui ont suivi.
La hausse moyenne au Japon est de 48 %. Dans la préfecture de Fukushima, elle est de 128 % et 57 % à Tokyo. A Fukuoka, à l’extrême sud du pays, il n’y a pas de hausse.
Concernant les leucémies, dans l’ensemble du pays la hausse est de 42 %. A Fukushima, c’est 113 % ; à l’ouest de la centrale : 210 %. A Saitama, entre Gunna et Tokyo : 185 %, alors que dans l’extrême sud du pays, la hausse de 9 % n’est pas significative.
Ces chiffres confirment clairement que les deux tiers du Japon ont été contaminés par le nuage radioactif… et continuent à l’être !
D’une façon générale, beaucoup de maladies traitées par les hôpitaux du Japon sont en forte hausse : souffles au cœur 200 %, cancers de la langue 63 %, de l’œsophage 22 %, de l’intestin grêle 300 %, du côlon 197 %, de la prostate 200 %. Il ne s’agit pas forcément de conséquences de la radioactivité, mais de l’angoisse des gens qui ont sollicité des examens en quantité et ont ainsi découvert plus rapidement nombre de maladies.
Mais qu’en est-il de l’évolution de la radioactivité ?
On peut constater, à la lecture du compte-rendu de septembre de TEPco, qu’en aval des réacteurs, toutes les mesures de la nappe phréatique sont en hausse. Les taux de césium, de tritium, de strontium... montent régulièrement. Des records en tritium ont été enregistrés dans les eaux de pluie lors des précipitations des 10 et 12 septembre. Conséquence : le taux de radioactivité monte également dans le port.
TEPco ne donne pas de renseignements sur le panache de fumée radioactive qui, 4 ans et demi après l’accident, continue à polluer l’environnement ; il ne fournit pas non plus d’explication sur la montée rapide de la radioactivité autour du réacteur n° 2 : +260 % en une semaine dans les eaux souterraines. La firme en a-t-elle une ?
Du fait de la nouvelle loi sur le secret, les médias privés d’autres sources se trouvent dépendants de ses déclarations.
Et pendant ce temps, les affaires continuent !
Le conseil municipal d’Ikata vient d’accepter le redémarrage du réacteur n° 3 de sa centrale, à l’unanimité. Sur le plan financier, la commune dépend en totalité des taxes perçues sur la production électrique.
Manuel Valls est venu au Japon pour négocier une entrée de firmes japonaises dans le capital d’Areva, notamment de Mitsubishi qui travaille déjà avec Areva sur un projet de réacteur en Turquie.
Monique Douillet
Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net