Un « appel pour des actions pour la justice climatique, non-violentes et déterminées, radicales et populaires, pendant la COP 21 et au-delà », a été lancé en juillet 2015 par plusieurs centaines d’activistes. Revendiquant explicitement la non-violence à l’exemple des Indignés, d’Occupy, du Printemps Arabe, sa signature implique d’approuver un document formulant des « critères concernant la non-violence ».
S’engager à la non-violence
Ce dernier définit certains engagements à prendre par les participant-e-s : une attitude respectueuse envers les personnes, y compris adverses, sans agression physique ni psychologique, l’action à visage découvert, sans armes, sans dégradation matérielle (1). En cas de confrontation avec les forces de l’ordre, la consigne est de lever les mains en l’air, de s’asseoir… Le document propose des stratégies pour déjouer la répression (filmer, s’asseoir, tissus imbibés contre les gaz, …) mais aussi les infiltrations policières qui entraînent délibérément l’action vers la violence afin de la réprimer plus légitimement (2).
Une attitude de non-domination
Parallèlement, un réseau d’Action pour la justice climatique se constitue avec l’objectif d’agir par la « désobéissance créative » durant la COP 21 en mettant l’accent sur le lien entre justice climatique et justice sociale et sur le pouvoir des entreprises. Il ne se revendique pas comme « non-violent » mais met l’accent sur le respect et la non-domination entre ses membres. Il invite ainsi à respecter, « entre nous », des comportements qui rejettent « le racisme, l’âgisme, l’homophobie, le sexisme, la transphobie, le capacitisme (exclusion de personnes ayant des handicaps), les discriminations fondées sur la classe, la capacité de langue, le statut d’asile, l’appartenance religieuse »… (3)
Qui respecter ?
Dans son manifeste, ce réseau ne précise pas quelle attitude il encourage à adopter envers les personnes extérieures au groupe, les adversaires… Cela qui tranche avec la posture « non-violente » du premier appel, qui insiste sur le respect dû à chacun, qu’il soit allié ou adversaire. Une exigence de respect qui se limite aux membres d’une même communauté ne peut qu’interroger… A l’inverse, l’appel « non-violent » développe malheureusement très peu la réflexion sur la non-domination à l’intérieur du groupe. On se prend à rêver d’une synthèse du meilleur de ces deux approches…
Guillaume Gamblin
Appel pour l’action non-violente : http://anv-cop21.org.
Réseau d’Action pour la justice climatique : http://climatejusticeaction.net.
(1) Avec certaines dérogations possibles si ces dégradations sont décidées collectivement par le groupe en amont, menées à visage découvert et assumées publiquement.
(2) Face à des personnes utilisant la violence dans le cadre de l’action organisée, l’appel invite à tenter de leur rappeler le cadre, de s’interposer, et sinon de s’écarter et de se dissocier d’eux...
(3) Il invite également à « respecter les limites physiques et émotionnelles de l’autre », son consentement explicite, à être conscient de ses privilèges…