Le changement climatique commence réellement à inquiéter. Mais personne, ou presque, ne fait le lien avec les énormes programmes de nouvelles armes nucléaires pour les 30 prochaines années…
Depuis une vingtaine d’années, le réchauffement climatique a créé des situations conflictuelles qui ont provoqué d’importants événements politiques. Une analyse récente publiée dans Le Monde diplomatique fait le tour des études de cabinets d’experts de nombreux pays (1).
Une sécheresse en Chine en 2011 a obligé la Chine a acheter du blé en très grande quantité, le cours mondial du blé a doublé, entraînant le triplement du prix du pain en Égypte, une des causes ayant contribué à déstabiliser le président Hosni Moubarak. En Syrie, cette sécheresse a provoqué des migrations massives de fermiers et d’éleveurs vers les villes, dégradant la légitimité du pouvoir d’Assad et favorisant l’émergence de l’Organisation de l’État islamique… Ainsi pour ces cabinets d’experts, le changement climatique est devenu un « multiplicateur de menaces et modifie le cours des relations internationales ».
Le nombre des « réfugiés climatiques » devient préoccupant dans de nombreuses régions et les pays des régions tempérées peuvent être préoccupés par des afflux de populations fuyant des régions désertifiées. Un des problèmes majeurs risque d’être le manque d’eau. D’autres conflits peuvent voir le jour en Arctique avec de nouvelles ressources pétrolières revendiquées par des pays en concurrence. Dans toutes ces nouvelles conditions, la réponse que voient beaucoup de responsables politiques est la réponse militaire.
D’où un lien très fort entre réchauffement climatique et arme nucléaire. Le paradigme de la guerre froide est la menace d’apocalypse, il est fondamental de le changer avant les graves crises qui se profilent. Le nouveau paradigme doit être la prévention. Prévention des effets climatiques les plus graves et surtout prévention pour une gestion des conflits non destructrice.
Car la réponse militaire n’exclue pas l’arme nucléaire qui est actuellement modernisée dans tous les pays nucléaires. Les programmes planifiés vont consacrer 1000 milliards d’euros aux armes nucléaires pour les 10 prochaines années. Et la prolifération nucléaire ne peut être exclue. Prévenir les conflits liés aux changements climatiques implique des budgets conséquents, en contradiction avec les choix nucléaires ; reporter le choix nucléaire actuel sur la sécurité globale et la lutte contre les causes du changement climatique est donc une urgence.
Si l’arme nucléaire n’est pas rapidement interdite et éliminée, son utilisation criminelle est très probable. Par un enchaînement incontrôlé, les milliers de bombes disponibles transformeront un conflit en catastrophe planétaire. C’est maintenant qu’il faut interdire et éliminer les armes nucléaires.
Dominique Lalanne
Président de Armes nucléaires STOP
(1) « Aux origines climatiques des conflits », Agnès Sinaï, Le Monde diplomatique, août 2015.