Brève Chronique Fukushima Nucléaire

57 % de Japonais en colère, surtout des Japonaises

Monique Douillet

Le 10 août dernier, le réacteur n°1 de la centrale de Sendaï a été relancé, contre les avis de nombreux experts et l’opinion défavorable de 57% des Japonais. « La vie des gens et l’environnement sont plus importants que l’économie » ont scandé les opposants à l’entrée du site.
Alors que le réacteur de Sendaï redémarrait, le volcan Sakurajima est entré en activité : 1023 séismes y ont été enregistrés pour la seule journée du 15 août, avec un niveau d’alerte à 4 (sur une échelle de 1 à 5). En cas d’éruption à grande échelle, certains scientifiques affirment que la centrale de Sendaï, à une cinquantaine de kilomètres, pourrait être touchée par des nuages de cendres. Mais la NRA, autorité de sûreté, a répondu qu’un tel scénario n’était pas à craindre.
Greenpeace-Japon a renouvelé sa demande d’arrêt du réacteur et déclaré que le renoncement de la NRA à prendre en compte un scénario avec éruption du volcan voisin montrait à quel point l’industrie nucléaire et le gouvernement sont liés.

Première péripétie, le vendredi 21 août, le réacteur a été interrompu « en raison d’un problème de pompe au niveau du système secondaire de refroidissement ». Experts et régulateurs avaient prévenu que le redémarrage, après quatre ans d’arrêt, pourrait se heurter à des difficultés. Avertissement ? Non. La relance du nucléaire est un enjeu politique majeur pour le premier ministre Shinzo Abe. Indispensable ?* Pour qui ? Tandis que l’état verse 6,9 milliards d’euros supplémentaires à TEPco pour alimenter la caisse de dédommagement des victimes, TEPco annonce un bénéfice au premier trimestre 2015 en hausse de 307 % par rapport au premier trimestre 2014.
Pendant ce temps, la contamination se poursuit et monte en puissance. Dans la ville non évacuée de Koriyama, province de Fukushima, des parents ont pris des mesures de radioactivité à proximité de l’école de leurs enfants et découvert des taches montant à 3,28 mSv/h (alors que la limite d’évacuation a été fixée à 0,23 !) Le remède ? Il suffit de modifier les normes d’acceptabilité !
Le Conseil sur la Radioactivité du gouvernement vient de valider un projet de loi relevant le taux limite d’exposition des travailleurs, en cas d’urgence, de 100 à 250 mSv !

La voix des femmes. Des associations nationales de femmes (parti des Grands-Mères, Femmes en colère, Étudiantes démocrates libérales…) très actives dans les luttes sociales lancent une campagne : « Je ne suis pas Abe. Abe est plus dangereux que la Chine ». Elles rappellent que la loi doit être l’expression des citoyens et non des dirigeants.
Alors que les maris restent prisonniers de la vie dans l’entreprise et de la conjoncture, les femmes sont plus attentives à la gravité des évolutions en cours. Elles n’ignorent pas que le taux de cancer de la thyroïde chez les jeunes de moins de 18 ans atteint déjà 330 par million contre 1,8 attendus. Malheureusement, elles sont très peu présentes au Parlement (38 députées sur 480).

Monique Douillet

* Bilan de la consommation électrique pendant l’été : sans aucun recours au nucléaire, TEPco affirme ne pas avoir eu besoin de dépasser 83,9 % de ses capacités de production.

Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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