A la Réunion, les produits frais sont omniprésents au quotidien et surtout, 75 % des fruits et légumes consommés sont issus de la production agricole de l’île. Alors, comment se développent les circuits courts sur un territoire si petit ?
Plusieurs types de circuit-courts existent
La vente à la ferme est bien ancrée dans les mœurs. Du fait de l’insularité, les régions agricoles sont proches des zones fortement urbanisées et le contact avec les agriculteurs est facilité. D’autres initiatives de commercialisation en circuit court existent sur l’île sous des formes diverses et variées. La coopérative de producteurs Vivéa, dans le sud, distribue chaque semaine à domicile des paniers de fruits et de légumes selon les saisons.
Dans un autre registre, l’AREC distribue des paniers bios hebdomadaires et organise des marchés « Solidari-Terre » lors desquels les paniers peuvent également être récupérés par les adhérents. Le marché constitue un espace dédié où interviennent producteurs, artisans, exposants et intervenants autour des thèmes de l’agriculture, de l’alimentation, du bien-être et de l’écologie. En revanche, les AMAP sont peu présentes sur l’île.
Mais la majorité de la commercialisation des fruits et légumes à la Réunion se fait d’abord dans des « tites boutik », auprès des stands saisonniers de bords de route et sur les marchés forains. Cette proximité d’accès aux produits frais à des coûts souvent faibles créée une concurrence rude pour les exploitations choisissant les circuits courts. Il semble aussi que les circuits courts intéressent une clientèle bien spécifique, constituée majoritairement de métropolitains et de professions libérales. Les enjeux sont de sensibiliser d’autres publics et de structurer la filière. Par exemple, la plateforme internet Agri-Peï, créée par l’entreprise Ekoal, conçoit actuellement un portail recensant les circuits courts dans l’île.
Mais pour quelle autonomie alimentaire ?
Des légumes souffrent de la concurrence des produits importés qui prennent de plus en plus de place sur le marché réunionnais. Par exemple, les producteurs réunionnais d’oignons ont vu leur part de marché fondre en 10 ans : en 1995, 5 000 tonnes d’oignons étaient produites localement tandis que 2 000 tonnes étaient importées. En 2005, la donne s’est inversée : 2 000 tonnes d’oignons étaient produites à la Réunion alors que 7 000 tonnes étaient importées d’Inde et de Madagascar ! L’aliment de la base de la Réunion, le riz, est déjà exclusivement importé. En effet, seuls 20 % du territoire de la Réunion sont occupés par des surfaces agricoles. Or, l’agriculture à la Réunion est essentiellement organisée autour de la production de canne à sucre, qui occupe 57 % des parcelles !
Si rien de change, l’autonomie de la Réunion en fruits et légumes risque donc aussi d’être mise à mal !
Mathilde Vauléon et Gaëlle Ronsin
Coopérative Vivéa, Stéphane Avril, directeur, 02 62 38 43 06, http://paniers-fraicheur.com/
AREC, rue du verger Hemery, Petite-Île. www.asso-arec.fr
Ekoal, 7 chemin de l’Irat, 97410 Saint-Pierre +262 692 69 75 97 http://www.ekoal.re
L’économie insulaire est classiquement marquée par un très fort taux d’importation. Celles-ci importations concernent tous types de biens à la Réunion : pétrole, agroalimentaire, produits industriels, produits d’équipement, etc. L’île se fournit essentiellement auprès de la France métropolitaine, puis auprès des pays de l’Asie du Sud-Est.