Brève Chronique Alternatives Monde en construction(s)

Une expérience indienne

Chloé Deleforge, Olivier Mitsieno

Arrivés en Inde, nous sommes surpris par le nombre de publicités à la gloire du béton "le choix de l’ingénieur, plus fort et plus durable" disent les slogans peints à la main. Construire en béton, la seule et la bonne solution pour ce pays de plus d’un milliard d’habitants ?

Hashmuk, un ingénieur indien d’une cinquantaine d’années a décidé de promouvoir d’autres manières de construire et d’habiter. Depuis quatre ans il est à l’initiative du projet EBHLE (Expérience basée sur un environnement holistique) dans un petit village entre Mumbai et Pune (centre-ouest de l’Inde). Un grand dôme géodésique en bambous trône au milieu du terrain : "ces constructions ne nécessitent pas de compétences spécifiques et pardonnent les petites erreurs. Elles pourraient très bien être reproduites en ville. C’est dommage que les gens se tournent autant vers le béton alors que de nombreuses alternatives plus économiques et écologiques existent".
Mais ce n’est pas tout. Depuis qu’il est arrivé sur le terrain, Hashmuk travaille à construire un petit écosystème : des toilettes sèches viennent d’être construites par les participants d’un atelier. À terme, il prévoit de mélanger la matière organique récupérée à du compost animal et végétal pour produire du biogaz, grâce à la fermentation. Il nous montre aussi un petit échangeur d’air géothermique fait maison. Une tranchée de plusieurs mètres a été creusée pour y enfouir un tuyau. Aux extrémités, deux caissons, l’un à l’extérieur du dôme pour y faire entrer l’air, l’autre à l’intérieur avec une petite turbine de ventilation. Le principe ? Utiliser l’inertie du sol qui reste à une température relativement constante tout au long de l’année, pour rafraîchir le dôme.

Un projet d’école alternative

De plus en plus d’Indiens issus de la classe moyenne sont, comme lui, à la recherche d’un mode de vie alternatif, et viennent avec curiosité lui rendre visite. C’est le cas de Vipin, ingénieur dans les télécommunications qui songe à créer une ferme biologique. "Pour vous, les Occidentaux, c’est peut-être plus facile de voir les défauts du capitalisme et d’essayer de trouver d’autres voies car vous avez pu l’expérimenter. Ici, la grande majorité rêve encore de ses promesses...".
Toutes les expériences d’Hashmuk sont les prémisses d’un projet beaucoup plus ambitieux : créer une école alternative basée sur l’apprentissage par l’expérimentation. "Aujourd’hui, on apprend seulement aux enfants à restituer des connaissances. Pire, on les blâme quand ils font des erreurs. Dans mon ancien travail, j’ai collaboré avec de nombreux chercheurs et j’ai bien vu que c’est en se trompant que l’on fait des découvertes. Les cours permettront d’acquérir des savoirs à travers une approche pragmatique : l’éco-construction, l’approvisionnement en énergie, l’agriculture écologique ..." Le dôme en bambou est un prototype pour de futures salles de classes. L’objectif est d’en construire une trentaine pour accueillir 300 enfants d’ici 2020 !
Certains parents ont déjà prévu d’inscrire leurs enfants dans cette école de la vie...

Chloé Deleforge et Olivier Mitsieno
Projet Eco-logis

Pour en savoir plus sur la construction d’Erdem, et les autres éco-bâtisseurs que nous avons rencontrés, rendez-vous sur notre site eco-logis.org à la rubrique « carnet de route » et sur facebook « ecologis.project ».

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