Brève Dossier Politique Réflexions générales

Performances, freezings : entre l’artistique et le militant

Mickaël Serré

Et si la résistance revêtait ces deux aspects : une œuvre d’art vivante, incarnée par des citoyens dans un élan collectif ?

Depuis quelque temps, nombre d’actions collectives et politiques prennent une forme artistique. Après tout, quand le monde politique singe le show-business, servant la « société du spectacle », quoi de plus naturel pour les citoyens et la sphère artistique que s’emparer des questions politiques ? Quoi de mieux qu’un acte « artistique » de grande visibilité pour se faire entendre ?

Une force d’expression et d’attraction politique

Dénonçant la « droite décomplexée », de nombreuses « manifs de droite » ont sillonné la France, scandant des slogans ultralibéraux poussés à leur paroxysme (depuis, avec les « Manifs pour tous », le réel a dépassé la parodie) (1). Par ailleurs, si les « flashmobs » (2) ont un réel succès, ils ne sont pas toujours engagés. Une action artistique revêt une forme d’expression politique quand il y a un engagement, un message véritable derrière. Sinon, cela reste du spectacle. L’action artistique exerce alors une force attractive indéniable, crée un événement fort, conforte des idées politiques produisant un impact, une image puissante.
Comme le dit Philipp Meier (directeur du Cabaret Voltaire, à Zurich, où est né le mouvement Dada) : « Les théâtres et les musées n’ont plus aucune pertinence sociale. Ils sont devenus des centres de bien-être pour l’esprit, c’est pourquoi les artistes doivent sortir avec leur arme. »
Reverend Billy, apôtre de la décroissance, prêchait seul à Times Square avant que 40 choristes et musiciens se joignent à lui, créant « The Church of Stop Shopping » (3). Ces mouvements gagnent en visibilité et en efficacité quand ils obtiennent l’adhésion populaire, hors des circuits de l’art. Réjouissons-nous de voir les gens s’emparer de l’espace public, se saisissant des problématiques politiques en créant des formes d’expression nouvelles !

Mickaël Serré (alias Mickomix)

(1) A l’instar des Yes Men, deux activistes du canular qui dénoncent le libéralisme par la caricature en se faisant passer ponctuellement pour des intervenants de l’organisation mondiale du commerce, entre autres. Objectif : pousser le cynisme à son comble et tester les réactions de l’auditoire. Ils sont connus en France par le film The Yes Men paru en 2005 et le livre Les Yes Men, La Découverte, 2004.
(2) Les flashmobs sont des mobilisations éclairs, dans un lieu public, pour y effectuer des actions convenues à l’avance, avant de se disperser rapidement.
(3) « L’Eglise de l’anti-consommation. »

Mickaël Serré (alias Mickomix) est auteur (BD, illustrations, peintures, chansons, poèmes...), graphiste et dessinateur de presse. Il est également « ambassadeur officiel du catch de dessinateurs à moustaches en Belgique » et micro-éditeur au sein de Ukuléléditions (http://ukuleleditions.blogspot.be/).Il collabore à différents journaux satiriques, fanzines, magazines et recueils de BD.
Pour en savoir plus : http://mickomix.blogspot.be, http://mickomix.tumblr.com

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