Trois Questions Aliments transgéniques Santé

Génius, les nouveaux OGM, 3 questions à Mireille Lambertin

1/ Genius est le nom d’un programme de recherche en biotechnologies (2012-2020) dont la finalité est de fabriquer de nouveaux OGM. Pourquoi les Faucheurs Volontaires dénoncent-ils le programme Genius ?

Genius est présenté comme la solution pour maintenir notre sécurité alimentaire, dans un contexte de diminution des ressources fossiles, de réduction des impacts environnementaux et de changement climatique. La génétique et la transgénèse sont d’emblée imposées comme la voie royale pour répondre à ce défi.
Concrètement, il s’agit de modifier par transgénèse neuf espèces (blé, maïs, riz, colza, tomate, pomme de terre, peuplier, pommier, rosier) pour les rendre plus résistantes aux stress biotiques ou abiotiques. (1)
Nous dénonçons le programme Genius pour plusieurs raisons :
- Le déni de démocratie. Alors qu’il n’y a toujours pas de débat sur les OGM et que la grande majorité de la population est contre leur diffusion dans l’environnement, l’État décide d’investir 21.3 millions d’euros pour développer de nouveaux OGM.
- Le double discours de l’État qui sous la pression citoyenne légifère pour interdire la culture du maïs transgénique mais qui parallèlement laisse développer la culture des VrTH (plantes OGM mutées pour résister aux herbicides) et investit dans le programme Genius pour mettre sur le marché de nouveaux OGM.
- La manipulation mise en place : on associe à ce programme les philosophes de l’université Lyon 3 pour parler d’éthique et d’épistémologie (2). L’éthique serait de discuter avec toute la société civile et pas seulement avec les chercheurs de l’utilité des OGM. Cette discussion une fois le projet décidé n’a plus qu’un rôle d’acceptabilité sociale.
- Une vision erronée du vivant (assemblage de Lego) et sa privatisation.
- L’irresponsabilité des décideurs politiques, des directeurs scientifiques et des chercheurs dans un processus de destruction du vivant et d’accaparement du bien commun.

2/ Pourquoi mettez-vous en question le fait qu’il s’agisse de recherche publique ?

Genius est un « partenariat » public-privé (10 établissements publics et 5 privés) (3).
Il soulève deux problèmes : l’utilisation de la recherche publique pour le secteur privé dans un but de rentabilisation et la disparition d’une réelle recherche fondamentale.
Il est clair que les objectifs de ce projet sont ceux du secteur privé. Peut-on encore considérer l’INRA (4) comme organisme public alors qu’il a développé des INRA transferts chargés de transférer les résultats de la recherche publique vers le privé ?
Il n’y a plus de réelle recherche fondamentale dans ce type de projet puisque tout, de l’orientation de la recherche à la production du brevet, est organisé pour le privé. Dans Genius, l’INRA GAEL de Grenoble est chargé du transfert vers le privé.
Le rôle de l’INRA est-il de nous spolier en favorisant le brevetage des biens communs, en mettant nos paysans et notre souveraineté alimentaire sous l’emprise du secteur privé, en réduisant la biodiversité cultivée à des semences OGM propices à une agriculture productiviste peu soucieuse des problèmes environnementaux et sanitaires ?

3/ Quelle est l’action des faucheurs volontaires et d’autres collectifs pour s’opposer à ce projet, et que pouvons-nous faire ?

Les Faucheurs se sont opposés au projet Genius par l’occupation de l’INRA-RDP à l’Ecole nationale supérieure de Lyon le 25 juin 2014 qui a débouché sur une discussion avec des chercheurs locaux et un rendez-vous au ministère de la recherche le 7 juillet 2014. Le 2 octobre 2014, l’occupation du GAFL INRA Avignon a provoqué une réunion avec des chercheurs locaux, le président de la région PACA et directeur du service appuie à la recherche. Le 6 novembre 2014, l’occupation de Limagrain à Chappes a permis de les questionner sur leur participation au projet sur le blé OGM.
Pour nous opposer aux OGM dans l’environnement nous pouvons :
- Exiger que l’état révise la politique de l’INRA pour développer le bien commun, assurer notre souveraineté alimentaire, préserver notre environnement et notre santé par de la recherche participative en agriculture biologique, biodynamie et agroécologie (action envers nos députés et sénateurs).
- Exiger de nos régions et de nos départements que toute contribution de leur part à l’INRA ne soit pas utilisée pour développer les OGM.
- Revendiquer un droit à l’étiquetage pour toute manipulation génétique, pour les aliments des collectivités, pour la viande nourrie aux OGM et les produits dérivés (laitages, œufs) et les VrTH.(5)
- Stopper l’importation des OGM
- Soutenir les Faucheurs Volontaires et l’agriculture bio.

• faucheurs.ogm@laposte.net

(1) Un stress biotique est un stress résultant de l’action néfaste d’un organisme vivant sur un autre organisme vivant telle qu’une attaque d’un pathogène. Il se différencie du stress abiotique exercé par un changement d’environnement comme une carence en azote.
(2) Philosophie des sciences.
(3) 10 acteurs publics : 8 instituts de recherche Inra, 1 Cirad (Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement) et 1faculté de philosophie de Lyon 3 ; et 5 privés : Cellectics, Biogemma, Germicopa, Vilmorin, Delbard. Voir le site : www.genius-project.fr
(4) Institut national de la recherche agronomique.
(5) Variété rendue Tolérante aux Herbicides (VrTH).

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer