Les pays ont des politiques bien différentes. Alain Bertaud, chercheur en urbanisme, a comparé deux villes : Atlanta, aux États-Unis, 2,5 millions d’habitants et Barcelone, en Catalogne, 2,8 millions d’habitants. Alors que cette dernière n’utilise que 162 km2 de terrains, Atlanta s’étale sur 4280 km2 ! Soit 26 fois plus (1).
Barcelone dispose de 99 km de lignes de métro, contre 74 km pour Atlanta… mais du fait de l’étalement de cette dernière, seule 4 % de sa population habite à moins de 600 m d’une station de métro contre 60 % à Barcelone. Conséquence : 30 % des déplacements se font par le métro à Barcelone, 4,5 % à Atlanta. Évidemment, l’autre conséquence est que la plupart à Atlanta se déplacent en voiture ou cars… ce qui nécessite de nombreuses routes… qui occupent plus du tiers de la surface de la ville, compliquant de fait les possibles tentatives de densification.
La densité urbaine est bonne pour la santé
Une étude portant sur 24 villes californiennes de moyenne importance, construites à des moments différents, a étudié les données statistiques sur la santé de 50 000 adultes de ces villes (2). Il en ressort que plus les villes sont récentes, moins la densité urbaine est importante, plus les rues dans les lotissements ont des tracés sinueux, plus les cul-de-sac augmentent (pour éviter le trafic de transit) et plus le recours à la voiture semble indispensable. Conséquence : plus les villes sont récentes et plus l’obésité augmente. À l’inverse, plus la ville dispose d’un réseau en damier avec une forte densité et plus les gens se déplacent à pied et à vélo… et sont en bonne santé.
Des limites à respecter
L’institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France a publié un référentiel de densités et de formes urbaines (3). On y découvre sans surprise que c’est Paris qui a la plus grande densité (4) : 4,30 (soit une moyenne de 4,3 étages sur l’ensemble de la surface hors rues) (5). En milieu rural ou dans les lotissements, on ne dépasse pas 0,6. Dans les cœurs de village où les constructions sont mitoyennes, on est légèrement en-dessous de 2 soit sensiblement la même densité que dans les quartiers résidentiels de tours. Les tours qui sont apparues à partir des années 1950 ne sont pas une solution : socialement, vivre en vertical ne donne pas de bons résultats, mais de plus sur le plan énergétique c’est une catastrophe et il est scandaleux que des dérogations soient encore aujourd’hui accordées pour de nouvelles tours incapables de respecter les normes de consommation (6).
Les bonnes pratiques sont les constructions en continu, moyennement basses en village, hautes en ville.
Francis Vergier
(1) http://carfree.fr/index.php/2014/09/08/le-casse-tete-de-letalement-urbain/
(2) Étude de Norman Garrick de l’Université du Connecticut et Wesley Marshall de l’Université du Colorado, The Washington Post, 15 août 2014.
(3) http://www.iau-idf.fr/fileadmin/Etudes/etude_746/Densites_Referentiel.pdf
(4) La densité nette à l’îlot mesure le nombre de m2 de plancher bâtis par rapport à la surface d’un îlot, c’est-à-dire un ensemble d’immeubles délimités par des rues.
(5) Paris a une densité égale à Barcelone, mais double de celle du centre de Londres et quadruple du centre de Berlin.
(6) La RT2012, réglement technique 2012, prévoit des dérogations pour les immeubles de plus de dix étages… sans quoi, il ne s’en construirait plus aucun ! L’excès de consommation d’énergie provient pour une grande part du recours aux ascenseurs et aux pompes pour monter l’eau.