Une expédition de onze français-e-s est partie, le 1er mars 2015, pour bloquer la Base nucléaire de Burghfield près de Londres. Objectif : rejoindre l’initiative organisée par les groupes britanniques destinée à faire pression sur leur gouvernement pour ne pas renouveler l’arsenal nucléaire*.
« Nous partîmes à 11, mais par un prompt renfort, nous arrivâmes 200 à l’entrée de la Base »… des Français, des Finlandais, des Allemands, des Espagnols, des Suédois et, bien sûr, des Anglais ! Un blocage réussi pendant toute la journée du 2 mars. Mireille, paysanne-boulangère de la région dijonnaise, choisie comme traductrice officielle par le groupe et « observatrice légale » face aux policiers, constate : « j’ai été frappée par l’organisation parfaite opérée par nos amis anglais, leur rigueur dans tous les détails et aussi l’accueil chaleureux qu’ils nous ont fait. Il faut dire que c’est la première fois qu’un groupe de Français vient participer à leurs blocages ».
Plusieurs militants de la première heure s’étaient joints au groupe. Matthias, 17 ans, était venu avec ses parents. Cela a constitué quasiment une répétition pour des blocages en France. Car, proche de Dijon, la Base du CEA de Valduc est en coopération avec la Base de Burghfield pour entretenir et moderniser les armes nucléaires anglaises et françaises. Nous considérons qu’il s’agit d’une collaboration illégale d’après le Traité de non-prolifération qui interdit l’échange d’informations sur le nucléaire militaire.
Les bloqueurs ont eu froid, très froid. Huit heures allongés sur la route gelée ! André, le doyen de la bande commente la mise en place : « Après un petit moment sage à déployer nos banderoles, nous nous laissons glisser vers le centre de l’entrée. Les policiers essaient de nous repousser avec fermeté. Mais nous nous laissons tomber au sol tout en nous agrippant les uns aux autres. Ainsi, la force de gravité nous aide à emporter ce combat de l’inertie. Puis, on s’incruste sur le bitume comme coquillage au rocher ». La journaliste Rachida du journal télévisé alternatif AlterJT, venue avec le groupe, a tout filmé, en particulier les groupes avec des « lock-on », (ces tubes dans lesquels les militants mettent les bras et se cadenassent : angoisse des policiers qui ne peuvent plus démanteler les barrages... sauf à tronçonner les tubes !)
Comment lutter contre les armes nucléaires ? Les actions non-violentes apportent une réponse. Tout comme les grèves sont une réponse des travailleurs aux situations inacceptables, les blocages sont des réponses citoyennes pour exprimer ce refus des armes nucléaires (qui, finalement, sont... la propriété des contribuables !). L’intervention directe des citoyens n’a jamais été autant nécessaire.
La non-violence active, pratiquée depuis plusieurs décennies par les Anglais, a créé un réel débat en Grande-Bretagne. Le renouvellement de l’arsenal nucléaire, dont il est prévu qu’il soit soumis au Parlement, en 2016, pourrait être refusé ! En France, le débat public sur la dissuasion nucléaire a un besoin urgent du soutien de cette non-violence active pour dénoncer la préparation du crime contre l’humanité que constituent les armes nucléaires françaises.
Les groupes dijonnais donnent rendez-vous, du 6 au 9 août, devant la base de Valduc. Les Anglais ont annoncé qu’ils allaient venir ! Nous avons, comme les Anglais et avec eux, un objectif précis : obtenir l’élimination des armes nucléaires françaises !
Dominique Lalanne
Président de Armes nucléaires STOP
* plus d’info sur http://actionawe.org