Pour l’heure, il s’agit de finir la première maison sur le modèle des Earthship, des habitations construites à partir de matériaux recyclés qui visent à l’autonomie énergétique. Depuis leur élaboration, il y a une quarantaine d’années, par l’architecte américain Michaël Raynolds, des centaines de ces « vaisseaux terrestres » ont fleuri sur la planète. Certains sont officiels, co-construits par l’équipe de Raynolds ou par ceux qui ont suivi la formation de l’earthship academy. D’autres, comme Erdem, s’inspirent librement de certaines des caractéristiques de ces maisons étonnantes.
Schéma explicatif
- • une structure semi-enterrée sur la façade nord pour conserver une température fraîche
- • une grande baie vitrée plein sud, aux fenêtres inclinées pour que les rayons bas du soleil d’hiver pénètrent au fond de la pièce, et que ceux d’été atteignent les plantes, derrière les vitres. Ces dernières filtreront les eaux grises de la douche et de l’évier, qui iront ensuite alimenter les toilettes
- • et des murs... en pneus ! « C’est un contenant parfait : on peut le remplir de gravats. Et puis, cela ne coûte rien, je les ai récupérés chez des garagistes bien heureux de me les refiler. En général, les pneus usagés sont brulés pour être recyclés, ce qui dégage beaucoup de pollution. Pour moi, ça n’est pas ça le recyclage... » Si la technique est économique, le travail est harassant : « on avait un rythme de six pneus par jour/personne... on a bien dû en remplir 500 ! » Ensuite, les murs ont été enduits avec un mélange d’argile, sable et de chaux.
Erdem a d’abord travaillé avec des habitants du village. « Mais ça n’a pas vraiment fonctionné. Ils avaient du mal à comprendre l’intérêt du projet. Pourquoi s’entêter à construire avec des pneus, alors qu’on peut le faire avec des parpaings ? » Depuis, il s’appuie sur des réseaux comme work away ou helpX. Des volontaires d’autres pays viennent l’aider et apprendre, en échange du logement et du couvert. Maintenant que la maison a pris forme, les habitants sont de plus en plus curieux et viennent régulièrement observer l’avancement du chantier et se régaler des légumes bios. De jeunes Turcs des environs viennent également lui donner un coup de main... Qui sait, peut être feront-ils à leur tour naître d’autres Earthships en Turquie ?
Chloé Deleforge et Olivier Mitsieno
Projet Eco-logis
Pour en savoir plus sur la construction d’Erdem, et les autres éco-bâtisseurs que nous avons rencontré, rendez-vous sur notre site eco-logis.org à la rubrique « carnet de route » et sur facebook « ecologis.project ».