C’était la troisième conférence sur le sujet. C’était aussi la première à laquelle assistaient les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Mais la France a refusé de venir. Comme la Russie, la Chine, Israël et la Corée du Nord.
C’était aussi la première conférence où ont été analysés les risques de déclenchement d’une explosion nucléaire par erreur ou par accident, éventuellement pouvant conduire à une guerre nucléaire ! Le journaliste Eric Schlosser a montré qu’aux Etats-Unis de telles catastrophes ont été nombreuses et évitées... par chance ! Un bombardier s’est mis en vrille et a largué une bombe nucléaire à quelques centaines de kilomètres de New-York, un missile dans un silo a failli être mis à feu lors d’une maintenance ! Plus grave sont les alertes qui ont eu lieu en Union soviétique ou aux Etats-Unis lors d’erreurs d’interprétation. Le colonel Stanislav Petrov a ainsi évité une guerre nucléaire par erreur en 1983.
Conclusions de la conférence : il faut un traité d’interdiction des armes nucléaires. Sur les 158 pays qui ont participé, 44 d’entre eux ont déjà donné leur accord pour un tel traité. Une décision qui devrait permettre en 2015 de commencer le processus. Un processus qui a abouti pour les armes chimiques et bactériologiques.
Comment comprendre la position de la France ? A l’Elysée et au Ministère des Affaires étrangères nous avons demandé des explications. La France considère avoir besoin de l’arme nucléaire pour sa sécurité. L’arsenal français est considéré être à son seuil de suffisance. Un désarmement nucléaire précipité créerait des déséquilibres internationaux graves. La sécurité mondiale serait compromise. Donc l’idée d’un traité d’interdiction est « contre-productive ». Seule une démarche « pas à pas » est acceptable. C’est le credo de la France.
Car, pour le président de la République, l’arme nucléaire est indispensable. Avec la puissance de feu d’un sous-marin nucléaire,1000 Hiroshimas, le président pense avoir un pouvoir sans contestation possible, en France comme dans le monde. Le pouvoir de créer l’Apocalypse. C’est le credo de la classe politique.
En réponse aux arguments officiels, nous avons notre analyse des raisons cachées. La France a perdu son rôle international. Plus d’empire colonial, une puissance économique inférieure à celle de l’Allemagne, une dilution politique dans l’Union européenne... Pour nos politiciens, seule l’arme nucléaire permet d’être identifié comme un pays important.
Les associations pacifistes, non-violentes et antinucléaires, ont bien du mal à ébranler ces certitudes. Le futur traité d’interdiction des armes nucléaires devrait aider à franchir une étape. Nous devons remettre la France en harmonie avec la communauté internationale.
Dominique Lalanne
Physicien nucléaire
co-Président de Armes nucléaires STOP
do.lalanne@wanadoo.fr