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Sur le campus de Bordeaux, la récup’ s’organise

Benjamin Pietrapiana

Ateliers, bricolage, troc… Sur le campus de l’Université de Bordeaux, la récupération des objets est lancée avec Etu’Récup.
Le facile à acheter est tout aussi facile à jeter. On peut le voir dans les déchetteries de France, où des meubles parfaitement utilisables côtoient de l’électroménager non trié et des vélos à peine rouillés. Face à ce constat, les étudiants et leurs associations du campus de Bordeaux se réunissent et innovent.

De tout à petits prix

L’aventure a débuté en mars 2014, mais le projet mûrit depuis 2012. Initialement conçu comme une simple ressourcerie, il a pris une autre dimension sous la direction d’Aurélie Schild. « Le constat était désolant », dit-elle. En juin, les étudiants qui partent laissent derrière eux meubles et autres appareils électroménagers alors qu’en septembre, les nouveaux arrivants achètent du neuf au prix courant.
Le projet veut répondre aux besoins des étudiants du campus, mais pas seulement. L’offre ? « En gros, tout ce qui peut servir à un étudiant, des livres, des meubles, de l’électroménager élémentaire. Tout le monde pourra faire ses menues réparations, et ses petits achats », indique Aurélie.
Il y a actuellement deux tarifs, étudiant et non-étudiant, mais Aurélie envisage d’instaurer sous peu une grille de prix indexés sur des critères sociaux. Les profits générés par la vente serviront à financer l’acquisition des outils nécessaires à la récup’ et au travail de réhabilitation, ainsi qu’à rémunérer les deux salariés de l’association.
Aurélie se remémore l’expérience du Reggae Sun Ska Festival, qui s’est tenu au mois d’août 2014 dans le Médoc. « On a fourni au staff du festival cinquante vélos de notre création réalisés à partir d’épaves de bicyclettes » s’amuse-t-elle.
Dans la proue du bateau Le vent debout, le restaurant universitaire du campus de Pessac, les ateliers de fabrication et de réparation de vélos commencent, au nombre de deux par semaine, allant de « répare ton frein » à « ponce ta chaîne » ajoute Frederic Fernandes, étudiant lusophone à Bordeaux 3, très investi dans l’association.

Recréer du lien

Etu’Récup crée du lien à différentes échelles. « On dit souvent que le campus de l’université de Bordeaux, qui s’étale sur Talence, Pessac et Gradignan, est un lieu abandonné, perdu. Une de nos volontés est de recréer des liens entre les étudiants, les riverains et le personnel de l’université, mais également entre Talence, Pessac et Bordeaux, trois villes de la CUB », complète Johana Cavatore, administratrice d’Etu’Récup. Et pour ce faire, « on réunit les gens autour d’activités. On apprend ensemble et par nous-mêmes. Ensuite, on fait circuler le savoir, c’est aussi ça le but ».
Johanna s’étonne que, face à ce pas de côté qu’est « le concept de gratuité », les gens sont gênés« . Selon elle, c’est »le signe de tout ce qu’on a perdu avec le capitalisme et il faut se ressaisir de tout cela".

Benjamin Pietrapiana
www.reporterre.fr

Etu’Recup, Le Bateau, RU 2, Campus de Pessac, tram B arrêt Doyen Brus, http://eturecup.org.

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