La loi sur le secret entrera en vigueur le 10 décembre 2014. D’une part, cette loi met fin au secret des sources pour les journalistes. D’autre part, 19 ministères et agences nationales, dont l’Agence de Régulation Nucléaire, la NRA auront la possibilité de classer secrets des documents. Ceux-ci pourront être détruits 30 ans après qu’ils aient été classifiés, sur accord du 1er ministre. En attendant, le gouvernement persiste à nier les évidences. Par exemple, à soutenir que rien ne permet d’établir un lien entre le développement des cancers et l’accident nucléaire et à dispenser des conseils de santé du genre : Pour se bien porter il faut se lever tôt et aérer son habitation... Mieux : le New York Times signale que des médecins japonais réclament l’arrêt des contrôles de la thyroïde, car si le nombre de cancers augmente rapidement, cela provient du stress provoqué par les contrôles !
Malheureusement les organismes indépendants ne tiennent pas les mêmes discours : une étude médicale conclut que les 23 quartiers de Tokyo sont contaminés à un niveau supérieur à celui observé à la limite de la zone interdite de Tchernobyl et annonce que les analyses sur les cellules sanguines des enfants de moins de dix ans présentent des taux d’anomalies inquiétants.
Un grand nombre de parents qui ne se fient plus aux contrôles médicaux publics demandent des contre-expertises. Voici les résultats des analyses effectuées sur des enfants de moins de 16 ans au moment de la catastrophe (moins de 19 ans aujourd’hui) résidant dans les préfectures de Ibaraki et Chiba (nord de Tokyo). Sur 1818 enfants examinés, 1139 (63 %) présentent déjà des anomalies thyroïdiennes : kystes ou nodules.
Un collectif de médecins de la région de Fukushima a confié à des médias qu’ils se sont vu interdire de communiquer leurs observations à propos des difficultés sur les grossesses et enfants mal-formés. Un des médecins a répondu à un journaliste : « on peut s’attendre à un million de cancers supplémentaires ».
« 10 millions de personnes vivent dans un environnement très radioactif » d’après un rapport de l’Institut du réacteur de recherche de l’Université de Tokyo, cartes à l’appui. On aurait dû évacuer dans certaines directions jusqu’à 60 km du réacteur. Les statistiques publiées sur le site du Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales annoncent quant à elles que les doses limites sont toujours parfaitement respectées. Ce que contredit un journaliste du Figaro qui a constaté que les chiffres affichés par les détecteurs et mis à disposition du public étaient en moyenne un tiers plus bas que ceux de son dosimètre. Sans parler des taux très élevés près des sacs de décontamination recouverts de bâches vertes.
Un autre journaliste qui faisait le trajet sur la RN6 (laquelle vient d’être ouverte au public, car décontaminée) a mesuré la pollution avec son compteur. Celle-ci variait de 0,23 (minimum toléré) à 19,51 microsieverts/h : 85 fois la limite fixée.
Heureusement, grâce à la loi sur le secret, ces réalités ne laisseront aucune trace... pensent-ils.
Monique Douillet
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