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Numéro 430 - janvier 2015
Alternatives en Corse
A rebours des clichés touristiques ou médiatiques, découvrons une autre Corse à travers des habitant-e-s qui s’engagent au quotidien dans des modes de vie collectifs, des coopératives d’activités, des projets d’agroécologie… et à travers le dynamisme de la non-violence qui est en train d’amener une petite révolution sur l’île.
• Dossier
Alternatives en corse
Corse, terre de non-violence
Manger local, bio et de saison, c’est souhaitable et c’est possible
Les pomélos poussent dans la plaine
Un vivier d’alternatives à Ajaccio
Le musée qui n’existait pas encore…
Droits paysans
Il existe encore des lieux sauvages…
D’autres alternatives en Corse…
Dossier coordonné par Michel Bernard
• Articles
Alternatiba : sauvegarder le climat par le bas ? (Entretien avec Guillaume Durin par Guillaume Gamblin)
Objecter à la Journée Défense et Citoyenneté ? (Jean-François Aupetitgendre)
Dessins hommages à Rémi Fraisse
Ces familles qui relèvent le défi de limiter leurs déchets… (Camille Lecomte)
Les Malassis : Une coopérative de peintres toxiques (Vincent Chambarlhac, Amélie Lavin et Bertrand Tillier)
• Chroniques
Au son de la musique « verte », suite (M. Scrive)
Sur le campus de Bordeaux, la récup’ s’organise (B. Pietrapiana)
Fukushima : Secrets et mensonges(M. Douillet)
Le Mégajoule commence ses tirs (D. Lalanne)
Burkina-Faso : un régime françafricain renversé par son peuple(T. Noirot)
BD : Une recette bien exotique (S. Moizie)
• Brèves
Alternatives •Santé •Climat • Environnement •Nucléaire •Politique • Énergies •Paix •Agri-bio •Nord/Sud • Société Femmes, hommes, etc. • annonces •agenda • Courrier • Livres
• Éditorial
Colonialisme, tourisme et alternatives
« Il est encore en Europe un pays capable de législation : c’est l’île de Corse. La valeur et la constance avec laquelle ce brave peuple a su recouvrer et défendre sa liberté, mériterait bien que quelque homme sage lui apprît à la conserver. J’ai quelque pressentiment qu’un jour cette île étonnera l’Europe »
Jean-Jacques Rousseau
Dans Le contrat social, 1764.
Sur trois millions de visiteurs par an, combien se sont renseigné sur le passé de la Corse ? Combien savent que pendant deux siècles, l’île de beauté a subi des lois d’exception qui ont détruit sa langue, sa culture, son autonomie alimentaire et énergétique (1). Combien comprennent que le tourisme de masse actuel poursuit, sous une forme de domination plus diffuse, une même volonté d’asservissement ?
Alors que l’économie de la Corse repose aujourd’hui pour l’essentiel sur la vente du soleil et des plages (2), l’heure n’est pas pour tous à la résignation. Cela a d’abord été depuis les années 1970, une montée du nationalisme, malheureusement « piégé » ou dévoyé par le recours à la violence pour une part, par des pratiques mafieuses pour une autre part et plus récemment par une frange de son électorat séduite par les thèses de l’extrême-droite.
C’est également, heureusement, comme partout, des initiatives alternatives. Certaines sont le fait des Corses, d’autres de personnes qui sont venues s’installer sur l’île. Dans les reportages qui suivent, il sera intéressant de noter que parmi les initiatives les plus récentes, se trouvent reliées les questions écologiques, sociales et culturelles : relocalisation de l’économie, autonomie alimentaire, coopération, protection de l’environnement. L’insularité et la question d’une certaine forme de violence ajoutent au débat une nécessaire prise de conscience peut-être plus globale que dans d’autres régions.
Le remarquable travail de l’association pour une Fondation de la Corse que nous présentons en premier devrait pouvoir déboucher sur un renforcement des ces alternatives diverses et on se prend à rêver d’une Corse qui comme aux temps des Lumières, nous éblouirait non seulement par son soleil mais aussi par son modèle de société.
Michel Bernard
(1) Ce n’est pas totalement fini. Il reste encore des domaines où la loi n’est pas la même dans l’hexagone et en Corse.
(2) L’agriculture ne représente que 2 % du PIB, l’industrie 15 %.