Le seul site de GOOGLE avait besoin de près d’un million de serveurs dans le monde pour faire face, en 2012, à 3,5 milliards de requêtes par jour. Il reconnaît qu’en 2010, il consommait 2 milliards de kWh soit 1 % de la consommation d’Internet. À l’époque Internet ne représentait que 1 % de la consommation électrique mondiale. Quatre ans plus tard, Internet en serait à 6 %. Et cela augmente à toute vitesse. D’après une étude de l’ADEME (1), la consommation des infrastructures d’Internet pourrait atteindre en 2030 la consommation mondiale d’électricité de 2008 !
Le plus gros data center d’Europe se trouve actuellement à Gravelines (France), près de la centrale nucléaire du même nom. Les deux tiers de l’électricité servent à refroidir les centres et non à faire fonctionner directement internet… d’où l’idée de disperser les serveurs un peu partout pour que la chaleur puisse être récupérée comme chauffage (2).
L’incroyable gaspillage des appareils connectés
Un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) paru le 2 juillet 2014 rappelle que la consommation d’énergie n’est pas seulement liée aux serveurs : les appareils connectés à internet (smartphones, tablettes, consoles de jeux, montres…), — 14 milliards en 2013 — ont consommé cette année-là 616 TWh, soit autant que la Grande-Bretagne et la Norvège réunies ! Or environ les deux tiers de la consommation de ces appareils sont dus à la veille. Ne pas gaspiller ces, environ 400 TWh de "veille", reviendrait à ne pas utiliser les 58 réacteurs nucléaires français.
D’ici à 2020, le nombre de ces appareils connectés pourrait doubler. (3)
Greenwashing
Pour contrer la contestation montante sur la question, les grands groupes essaient de s’appuyer sur les énergies renouvelables. Ainsi chez Apple, 100 % de l’énergie consommée est d’origine renouvelable, et la firme cherche à baisser sa consommation. Facebook est moins conscient du sujet, selon une estimation de Greenpeace (4) : seulement 49 % issue des renouvelables. Google et Yahoo sont sensiblement à ce niveau. Microsoft est nettement en-dessous : seulement 29 % de renouvelables. Les mauvais élèves sont Amazon et Twitter qui ont un taux d’usage des renouvelables égal à la moyenne mondiale (23 %). Si, demain, les sites sont "propres", le problème reste entier : c’est la consommation des appareils connectés qui grimpe en flèche.
Francis Vergier
(1) Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, www.ademe.fr
(2) Des essais sont en cours à l’école Télécom Paris Tech et à EuroDisney.
(3) Sources : univers-nature.com 15 juillet 2014, plus.lapresse.ca 6 juillet 2014
(4) Greenpeace, étude publiée en avril 2014, « The internet’s ecological footprint » reprise dans la revue britannique Ethical consummers, été 2014.
Consommation mondiale des serveurs d’internet en 2013 : 200 TWh
Consommation mondiale des appareils connectés en 2013 : 616 TWh
Production annuelle des 58 réacteurs nucléaires français : 400 TWh