Se nourrir reste un défi permanent. L’agriculture est en effet confrontée à de multiples limites : enchérissement du pétrole, diminution des surfaces cultivables, épuisement des sols, changement climatique, augmentation de la population, concentration de celle-ci dans les villes, pollutions multiples par les pesticides, les engrais, les transports…
L’observation de la nature nous montre que les écosystèmes qui s’adaptent le mieux aux changements sont les plus variés, ceux dont la biodiversité est maximale.
Or l’agriculture intensive d’aujourd’hui, a fait exactement le choix contraire avec des champs de grande surface, en monoculture, dont le rendement est élevé… mais la fragilité extrême. Et la fuite en avant continue : diminution du nombre d’espèces cultivées, nouvelles variétés par manipulation génétique, gigantisme du machinisme agricole…
Face à ce modèle, on assiste à une multiplication des démarches alternatives : agriculture biologique, biodynamique, permaculture, agroforesterie, agro-écologie, agriculture urbaine, traction animale, etc.
La diversité de ces pratiques augmente notre capacité à nous adapter aux changements futurs (accroître notre résilience). Personne ne peut prédire aujourd’hui ce qui, dans chacune d’entre elles, sera le plus utile, le plus fertile demain.
Dans ce contexte, plutôt que d’encenser une démarche au détriment d’une autre, il faut au contraire encourager ces différences, favoriser les confrontations, éviter une « monoculture de la pensée » et donc accepter le dissensus…
Ainsi au niveau global, nous nous trouvons à l’opposé de ce que beaucoup de groupes alternatifs expérimentent au niveau local dans leur mode de décision avec la recherche de consensus (2).
Quand faut-il du dissensus ? Quand faut-il du consensus ? Voici une intéressante question.
Michel Bernard.
(1) sur le dissensus, voir les exemples donnés par Patrick Viveret dans Vivre à la bonne heure, éd. Presses d’Ile-de-France, 2014.
(2) voir le dossier dans Silence n°373, novembre 2009.