Numéro 427 - octobre 2014


Penser l’agriculture de demain

Comment se nourrira-t-on demain, à l’heure du pétrole cher, alors que le bétonnage des terres continue à marche forcée ? A quoi ressembleront les paysans du futur ? Quelle transition doit amorcer l’Europe et quels scénarios crédibles s’offrent à nous ? Ce sont ces mutations essentielles et urgentes, entre inquiétudes et potentialités de changement, qu’explore Pablo Servigne, auteur du rapport « Nourrir l’Europe en temps de crise ».

• Dossier

Penser l’agriculture de demain

Les systèmes alimentaires de demain ne ressembleront pas à ceux d’aujourd’hui (Entretien avec Pablo Servigne par Guillaume Lohest)

Nourrir l’Europe (de Pablo Servigne)

La résilience : un guide pour le futur (de Pablo Servigne)

Une transition agricole pour 2o5o : possible… et crédible (de Pablo Servigne)

• Articles

Des juifs contre l’occupation (Entretien avec Pierre Stambul par Guillaume Gamblin)

Le lycée autogéré de Paris (de Pierre-Emmanuel Weck)

Quand l’eau redevient un bien commun (de Corinne Gais)

Allemagne : Lebenslaute, musique et action directe

• Chroniques

Les jeux d’estaminets (de Michel Scrive)

BD : Cuisine 3000 (de Sylvain Moizie)

Les Fourmis vertes (de Lorène Lavocat - Reporterre)

Fukushima dépasse en gravité Tchernobyl (de Monique Douillet

Jeûne-action international 2014 (de Dominique Lalanne)

La France et la guerre contre le terrorisme en Afrique (de Raphaël Granvaud - Survie)

• Brèves 

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• Éditorial

Agriculture, biodiversité et dissensus

Se nourrir reste un défi permanent. L’agriculture est en effet confrontée à de multiples limites : enchérissement du pétrole, diminution des surfaces cultivables, épuisement des sols, changement climatique, augmentation de la population, concentration de celle-ci dans les villes, pollutions multiples par les pesticides, les engrais, les transports… 

L’observation de la nature nous montre que les écosystèmes qui s’adaptent le mieux aux changements sont les plus variés, ceux dont la biodiversité est maximale. 

Or l’agriculture intensive d’aujourd’hui, a fait exactement le choix contraire avec des champs de grande surface, en monoculture, dont le rendement est élevé… mais à la fragilité extrême. Et la fuite en avant continue : diminution du nombre d’espèces cultivées, nouvelles variétés par manipulation génétique, gigantisme du machinisme agricole…

Face à ce modèle, on assiste à une multiplication des démarches alternatives : agriculture biologique, biodynamique, permaculture, agroforesterie, agro-écologie, agriculture urbaine, traction animale, etc. 

La diversité de ces pratiques augmente notre capacité à nous adapter aux changements futurs (accroître notre résilience). Personne ne peut prédire aujourd’hui ce qui, dans chacune d’entre elles, sera le plus utile, le plus fertile demain. 

Dans ce contexte, plutôt que d’encenser une démarche au détriment d’une autre, il faut au contraire encourager ces différences, favoriser les confrontations, éviter une « monoculture de la pensée » et donc accepter le dissensus… 

Ainsi au niveau global, nous nous trouvons à l’opposé de ce que beaucoup de groupes alternatifs expérimentent au niveau local dans leur mode de décision avec la recherche de consensus (2). 

Quand faut-il du dissensus ? Quand faut-il du consensus ? Voici une intéressante question. 

Michel Bernard

(1) sur le dissensus, voir les exemples donnés par Patrick Viveret dans Vivre à la bonne heure, éd. Presses d’Ile-de-France, 2014.

(2) voir le dossier dans Silence n°373, novembre 2009.