Le revenu d’existence proposé par différents mouvements politiques dont des décroissants simplifierait les structures sociales, ne coûterait pas plus cher, et permettrait à tous d’être à l’abri des besoins. Complété par un revenu maximum autorisé, cela déboucherait sur une société plus égalitaire. Pas sûr : le capitalisme a su s’adapter aux 35h, à la 5e semaine de congés, au financement des caisses d’allocation chômage, maladies… Nous pouvons craindre que le pillage des ressources se poursuive. Et ceux qui accumulaient les richesses auparavant feront sans cesse pression pour diminuer une protection sociale qui, bon gré, mal gré, assure en France une certaine sécurité : du gel des salaires ou des retraites, on passera au gel du revenu d’existence.
La question des solidarités se pose même sans aborder la question de la décroissance. Du fait de l’affaiblissement des ressources de l’Etat pour différentes raisons, il semble possible de maintenir un haut niveau de protection sociale en réfléchissant sur l’origine des dépenses et en modifiant certaines politiques : soigner coûte plus cher que de maintenir les gens en bonne santé ; relocaliser certaines activités économiques permet de créer plus d’emplois… Le sujet est vaste. Les premiers articles de ce dossier font un tour d’horizon des propositions disponibles en ce domaine.
Un dernier article s’interroge sur les démarches de transition. Celles-ci veulent réfléchir à l’ensemble des questions de société en partant du local. Peuvent-elles ainsi aborder toutes les questions et en particulier celles des solidarités sans tomber dans le discours libéral de désengagement de l’Etat ? A l’inverse, doit-on forcément passer par le haut pour créer de la solidarité ?
L’entretien avec André Cicolella (p.38) permet de creuser la question de la santé : s’il est de plus en plus difficile de financer le traitement à vie des maladies chroniques, il est tout à fait envisageable de s’attaquer aux causes environnementales de ces maladies.
Des pistes variées qui devraient nous aider pour penser autrement les solidarités de demain.
Michel Bernard