Ces dimensions de notre vie relationnelle sont rarement abordées, comme si elles appartenaient à la sphère privée et à ce titre ne méritaient pas que l’on s’y intéresse. Pourtant l’écologie et la politique n’ont-elles rien à dire sur la manière dont les humains vivent en relation, dès lors qu’il y a un lien intime ou affectif fort ?
Pratiques de diversité amoureuse
La pluralité des choix et des stratégies pour vivre sa vie affective est quasi-infinie. Nous avons choisi de nous pencher ici sur l’expérience de certaines personnes qui ont fait le choix d’une vie affective et sexuelle décalée par rapport à la norme du couple monogame. Qui ont fait le choix de la « non-exclusivité », que certains traduisent par « polyamour ». A quelles conditions est-il possible de s’affranchir des limites du couple « exclusif » classique, qui fonctionne à la condition d’éviter toute autre relation ? Ce dossier permet de comprendre que poser un cadre « ouvert » ne signifie pas nécessairement légèreté ou libertinage mais est bien souvent une démarche de confiance réfléchie ensemble dans le cadre d’une relation. La non-exclusivité demande un travail commun sur la confiance mutuelle, la communication, la juste distance à l’autre, et un travail individuel sur les émotions, la connaissance et la confiance en soi. Ce choix constitue parfois une force pour la relation, dans la mesure où il empêche que l’irruption du désir pour une autre personne ne vienne systématiquement la mettre en danger ou la briser.
La non-exclusivité invite à redessiner les frontières entre l’amour et l’amitié — dans laquelle une relation n’empêche pas que d’autres se développent à côté, sans qu’il y ait trahison ou rupture de la première. Elle implique une démarche lucide sur la mécanique du désir dans la durée.
Au final, chaque personne choisit ce qui lui convient le mieux en fonction de ses aspirations les plus intimes, de son histoire, de son rapport à la sexualité, aux autres et à soi. Ce dossier souhaite interroger les intérêts et les limites de telles configurations affectives en examinant leurs liens avec l’écologie, le féminisme, le capitalisme, la famille… et en donnant la parole prioritairement à celles et ceux qui le vivent.
Guillaume Gamblin