Aux Aurélias, un jardin accessible humanise et diversifie le lieu de vie des malades et du personnel, avec également un objectif médical : offrir des occasions de stimulation de la mémoire lointaine pour compenser la dégénérescence de la mémoire immédiate.
L’espace est tout en longueur, ponctué par plusieurs arbres. Dès l’entrée, un plan présente les parcours balisés, deux moteurs et deux sensoriels. Une aire centrale avec des bancs et un dallage souple permet des exercices au sol. On a une vue magnifique sur la campagne, des chevaux paissent dans le grand pré d’à côté. « On voit des faisans, des garennes, sans compter les oiseaux qui viennent à la mangeoire. »
L’accès en fauteuil est partout possible grâce à des allées pavées sans bordure en relief. Les plantes toxiques ou épineuses sont évidemment exclues.
L’arrosage est automatique et M. Chamel dit utiliser peu de pesticide, juste un peu de désherbant le long du bâtiment et sur les allées pavées… Ceci dit, « beaucoup se fait surtout à la main, et des patients m’aident parfois un moment, par exemple quand je ramasse les feuilles ».
Des activités sensorielles et motrices
Dans chaque espace sensoriel, de petits panneaux indiquent une activité possible. Par exemple, les « dalles de sol tactiles », faites de matériaux divers, peuvent aussi bien être touchées au petit bonheur pour stimuler des réminiscences, que servir pour des consignes de parcours ou d’équilibre.
Dans l’espace « vision », les plantes et arbustes sont groupés par couleur. Pour l’ouïe, des carillons sont installés. L’espace odorat propose évidemment des plantes aromatiques : sauge, romarin, ciboule et menthe. Le toucher n’a pas été facile à incarner, il ne fallait rien qui puisse blesser. On a choisi de placer des troncs de différentes textures.
Un potager est situé dans un espace à part. Il se limite à la culture de deux bacs en bois, à bonne hauteur pour les fauteuils, comprenant l’un des fraisiers et l’autre, une succession de légumes tels que radis ou salades, qui seront consommés par les malades.
Le psychomotricien et l’ergothérapeute apprécient beaucoup les possibilités offertes par cet espace et les résultats obtenus. « En général, si un patient est agité, il suffit de le promener au jardin pour le voir se calmer… » Les familles et leur proche y trouvent des occasions d’échanges qui sont limités quand on reste en chambre ou en salle. « On est à peu près sûr que, s’il n’y avait pas de jardin, les gens viendraient moins ! »
Marie-Pierre Najman
(1) En 2006, il a été le premier du groupe Medica à installer un jardin thérapeutique pour ses pensionnaires atteints de la maladie d’Alzheimer. Medica, société anonyme de 220 établissements, est contrôlée par plusieurs fonds d’investissement et cotée en Bourse. « Depuis plus de dix ans, Medica enregistre une croissance à deux chiffres de son activité. »
En savoir plus ?
Un jardin Alzheimer, Maryse Grousson (plasticienne certifiée en art-thérapie) et Michèle Isenmann (infirmière retraitée), éditions du Signe, 2012, 18,50€