Un « tcho pas de côté » en 2600 kilomètres pour aller voir l’alternative de nos propres yeux et ce, dans tous les domaines (1). D’où une liste à la Prévert, à l’image des initiatives picardes rencontrées : Ecologis compiégnois (habitat participatif), Aliment’ton Local et Cac’Carotte (voir page 16), L’Ecume du jour (voir page 24), le Fablab (numérique), les Ateliers de la Bergerette (voir page 26) et la Mairie de Montdidier (parc public éolien). Et pourtant, toutes ces démarches partent d’un même constat — l’échec du modèle économique actuel — et visent toutes à réduire leur dépendance à l’économie marchande.
Petit aperçu de cette aspiration à l’autonomie.
L’alternative écologique au quotidien commence par l’alimentation
Les groupements d’achats — sous forme coopérative ou pas — permettent de réduire le coût d’une alimentation locale, donc de toucher d’autres publics que les AMAP et de s’approvisionner en épicerie sèche. Le Groupement d’achat solidaire et écologique de Nîmes (2) propose une quarantaine de produits à des prix 10 à 20% inférieurs à ceux d’une épicerie bio classique : les consommateurs passent commande, organisent la livraison et viennent avec leurs contenants. Il n’y a ni local à payer, ni personnel à rémunérer. A l’ADDA (3), association nantaise à mi-chemin entre une maison de quartier et une épicerie coopérative, les adhérents viennent chercher leurs paniers de produits locaux, s’approvisionner à l’épicerie autogérée, participer à des ateliers de conserverie, se servir dans la zone de gratuité ou encore récupérer des invendus de marché. Aucun salarié, mais 300 adhérents de tous âges et toutes origines qui apportent idées et énergie humaine. C’est dans le « faire » et non le « dire » qu’est abordé l’objectif de l’association : économiser l’énergie en consommant local. Un changement profond des habitudes quotidiennes qu’on peut venir expérimenter ici, au travers d’ateliers pratiques et collectifs.
Le « faire ensemble » ou la valorisation d’autres rapports au savoir
Dans les ateliers vélos participatifs, les fablabs ou les ateliers associatifs de menuiserie, l’apprentissage est horizontal : les participants s’entraident et apprennent les uns des autres. L’animateur n’est là que pour accompagner le groupe. Le décloisonnement des savoirs et le cumul des connaissances permettent d’avancer bien plus vite que la connaissance brevetée et que l’innovation industrielle. Au fablab, l’innovation par tâtonnement et essai-erreur favorise la réponse à des besoins très précis. Celui de Lyon met ses machines au service d’un projet d’utilité sociale appelé Handilab : designers, bricoleurs et médecins élaborent collectivement et bénévolement des solutions techniques à des besoins médicaux particuliers. Dans un autre domaine, à Bois et compagnie, adhérents et salariés ont unit leurs forces pour construire un prototype d’habitat léger et démontable. Démontrant qu’il est possible de créer un habitat de qualité, écologique et économique à partir de matériaux récupérés.
Le faible coût d’entrée dans ces associations et la mise en avant d’échanges non marchands confortent la dimension sociale du projet. On peut y venir par souci d’économie, mais on y trouvera aussi un lieu de convivialité et d’échange entre des personnes de tous horizons. Ici comme au fablab ou à l’atelier bois, chacun se réapproprie les objets, en les réparant ou en les fabriquant soi-même. Tous apprécient de palper le résultat de leur travail et de faire œuvre créative. Une communauté de valeurs qui se traduira bientôt, à Lyon, par l’installation du fablab au dessus des locaux de Cobois (4).
Si vous souhaitez découvrir d’autres expériences, venez nous rencontrer cet hiver en Picardie. Films et photos à l’appui, nous participerons à divers événements pour parler de ces initiatives. Et qui sait ? Peut-être réaliserons-nous un de ces projets un peu fous rêvés sur nos bicyclettes...?
Marie Lemay
Association UtoPic’
(1) Nom donné à ce tour de France en référence au film L’an 01 de Doilon et Gébé. Projet porté par l’association UtoPic’ et soutenu par le dispositif régional Puls’action, le Défi Jeunes ; parrainé par la CRESS et la CPCA de Picardie, l’ACAP-Pôle Image Picardie et RECIT.
(2) Retrouvez les coordonnées des initiatives citées ici et de toutes celles visitées sur notre site : www.untchopasdecote.fr
(3) ADDA signifie « AujourD’hui, restaurons DemAin ».
(4) Cobois a fait l’objet d’un reportage dans Silence n°407.
A lire
• Geneviève Pruvost, L’Alternative écologique au quotidien – Vivre et travailler autrement, publié dans Terrain 60, mars 2013
• Isabelle Frémeaux et John Jordan, Les Sentiers de l’utopie, Zones, 2011, La Découverte