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Ça brûle pour la forêt

Michel Bernard

L’arrivée de grosses centrales « bois-énergie » risque de provoquer une destruction massive de nos forêts.

En octobre 2011, la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, et le ministre de l’industrie, Eric Besson, ont approuvé un projet de 15 méga-centrales à bois qui brûleront de la biomasse. Même si ces centrales brûleront des déchets, des restes d’élagage, l’essentiel de leurs besoins sera couvert par l’exploitation de la forêt.
La plus grande centrale est prévue à Gardanne, près de Marseille. Cette centrale à biomasse qui remplacerait la tranche 4 de l’actuelle centrale à charbon, aurait besoin d’environ 900 000 tonnes de bois par an. L’entreprise allemande E.On qui a racheté le site, prévoit d’importer la moitié de ce tonnage du Canada, le reste d’exploitation des forêts dans un rayon de 400 km autour de Gardanne (1). Les deux chaufferies de Brest et Rennes vont à elles seules capter 70 % de la ressource disponible en Bretagne (2). Comme il est évident que les forêts françaises ne pourront pas suivre, les problèmes d’épuisement de la ressource bois vont aussi concerner d’autres pays : outre le pillage en cours au Canada, les grandes firmes ont commencé à raser les forêts d’Europe de l’Est.
L’argument de l’emploi ne tient pas : plus on produit de l’énergie de manière centralisée, moins on crée d’emplois. Comme l’a montré l’affaire du projet de scierie géante dans le Morvan (3), les emplois créés en petit nombre par la centrale, détruisent en fait les emplois des actuelles entreprises qui vivent de la forêt.
Si l’on peut théoriquement soutenir l’utilisation du bois-énergie, une énergie renouvelable, cela ne peut se faire qu’à petite échelle, dans des limites précises d’utilisation et de renouvellement des forêts (4).
Ces énormes centrales, bien qu’ayant de bons rendements (5) n’ont de sens que dans le cadre d’une politique d’augmentation de notre consommation énergétique. Plutôt que d’investir des sommes importantes dans la création de nouveaux modes de production, il faut aujourd’hui se mobiliser sur la diminution de notre consommation, seule méthode qui permet d’associer respect des forêts et de l’environnement, arrêt du nucléaire, diminution des émissions de gaz à effet de serre. Cela ne se fera pas au détriment de l’emploi, mais sans doute au détriment des bénéfices pour les transnationales.

Michel Bernard.

Pour en savoir plus
• « Ça brûle pour la forêt », Nicholas Bell, Archipel, novembre 2013, c/o Forum Civique européen, Le Pigeonnier, 04300 Limans, nicholas.bell@gmx.net.
• Réseau pour des alternatives forestières, sur le site www.relier.info puis onglet « forêt ».

(1) Ce qui signifie au nord d’aller au-delà de Lyon, à l’ouest, jusqu’aux Pyrénées espagnoles, à l’Est, au delà de Gênes en Italie, et une destruction de la forêt méditerranéenne déjà fort mal en point.
(2) Voir Silence n°418, page 24.
(3) Voir Silence n°418, page 17, www.adretmorvan.org.
(4) Voir le collectif Forêt vivra, Silence n°419, page 9.
(5) Elles produisent de l’électricité et de la chaleur en co-génération.

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