Au tout début des années 1980, l’Association des jeunes pour l’entraide et le développement (AJERD) cherche des moyens de financement pour des aides au développement dans les pays dits du « tiers-monde ». Ses membres pensent à collecter des objets qui partent au rebut. Ils commencent à récupérer pas mal de choses et, dans un premier temps, ils ouvrent des bibliothèques de rue avec les livres récupérés. Puis ils se diversifient et, en 1984, décident d’ouvrir un lieu de réutilisation des objets dans le cadre de la lutte contre le gaspillage. Les Ateliers de la Bergerette voient le jour en 1984.
Constatant que de nombreux objets sont jetés parce qu’ils sont en panne, ils mettent en place des ateliers de réparation. Les objets réparés sont ensuite revendus. L’association voit ici une possibilité importante de diminution de la production des déchets et également une source de création d’emplois.
Fonctionnement horizontal
L’association va grossir progressivement, avec quelques périodes de crises, pour atteindre aujourd’hui 16 emplois (représentant 14 équivalents temps plein), dont quatre emplois aidés. L’organisation cherche à fonctionner le plus horizontalement possible. Pour cela, chaque salarié travaille en partie dans le tronc commun (travail administratif, gestion, organisation du travail), et l’autre moitié assure des tâches plus spécifiques. Tous les salariés participent aux décisions. Tous ont le même salaire horaire.
Aujourd’hui, les Ateliers de la Bergerette disposent de 750 m2 de magasin et 1000 m2 d’ateliers de réparation, le tout aménagé dans une ancienne ferme. L’association dispose d’une camionnette de 13 m3 et d’un camion de 30 m3 pour faire des collectes.
Chaque année, entre 600 et 700 tonnes sont collectées. La moitié provient d’apports volontaires, l’autre moitié des collectes. Un quart est remis en vente après remise en forme, une moitié part en recyclage et le dernier quart fini encore, malheureusement, au dépotoir. Ce départ à la déchetterie a été une source de problèmes en 2011 : alors que jusque là, une convention permettait à l’association de se débarrasser de ce qui n’était pas recyclable directement dans des bennes prêtées par l’agglomération, celle-ci a cherche à leur faire payer ce service. Ce fut l’occasion d’une mobilisation : l’association a reçu le soutien de plus de 1200 personnes, et la convention a été renouvelée.
Diversification
Les Ateliers de la Bergerette sont aussi devenus, avec le temps, un Espace info-énergie. Dans ce cadre, on y propose de nombreuses animations de sensibilisation sur les déchets, la récupération et les questions d’énergie dans le milieu scolaire. L’association s’ouvre également à l’écoconstruction en proposant des ateliers pratiques.
Elle s’autofinance à 70 % par la vente des objets restaurés : les 30 % restant proviennent de subventions émises par le département, la région, le fonds social européen et de l’Ademe.
Son expérience a servi à d’autres pour créer la même activité. Depuis 2000, ces initiatives sont fédérées au sein du Réseau des recycleries-ressourceries. Les Ateliers de la Bergerette sont aussi membres du réseau REPAS (1).
M. B.
• Ateliers de la Bergerette, 8, rue de la Bergerette, 60000 Beauvais, tél : 03 44 48 26 74, www.ateliers-bergerette.org
• Réseau des Recycleries-Ressourceries, www.ressourcerie.fr
(1) Réseau d’échanges et de pratiques alternatives, présenté en détail dans le no 330 de Silence, (décembre 2005), avec 5 pages sur les Ateliers de la Bergerette (en libre téléchargement sur notre site internet).
