Nous avons envoyé à nos collaborateurs/trices un courrier postal pour leur expliquer qu’ils doivent pour ce numéro communiquer avec nous par courrier ou téléphone, et l’un d’entre eux nous a demandé des précisions… par courriel, auxquelles nous avons répondu par automatisme… par courriel.
Un rédacteur a continué à faire ses sauvegardes quotidiennes d’articles par un serveur internet avant de se rendre compte qu’il y avait déjà des textes pour le numéro sans internet.
Des brèves soigneusement réalisées sans utiliser internet ont malheureusement ensuite été envoyées par réflexe à la relecture collective par un envoi de courriel…
Techniques alternatives
Une possibilité technique qui nous a été suggérée était de faire circuler les documents entre nous par notre réseau commun (intranet). Mais nous ne sommes pas parvenus à l’utiliser !
Nous avons développé les échanges par clés usb (entre nous, avec les correcteurs-trices, les dessinateurs…). Pour illustrer les critiques de livres, au lieu de copier les couvertures sur le site internet des éditeurs, il nous a fallu scanner celles-ci, ce qui s’est révélé possible sauf pour ceux que les chroniqueurs ne retournent pas toujours dans les délais.
Certains contributeurs ont renoncé à nous envoyer des illustrations, ignorant comment faire !
S’organiser autrement
La rubrique « agenda » est remplie majoritairement à partir d’informations que nous recevons par le formulaire de contact de notre site. Les brèves proviennent aussi majoritairement de la toile. Nous avions anticipé en pensant qu’il y aurait sans doute beaucoup moins de pages « brèves » et « agenda » en prévoyant plus d’articles… que nous avons fait nous-mêmes sans recourir à internet. Le pronostic s’est avéré vrai pour l’agenda, pas pour les brèves grâce à une lecture plus attentive de la presse.
Pour la rubrique « 3 questions à », nous avons dû privilégier une rencontre avec une personne de passage dans la région lyonnaise.
Il y a eu un problème de décalage temporel difficile à gérer : nous préparons un numéro durant plusieurs mois. Le dossier est préparé très en amont, pour pouvoir être retravaillé. Nous avons donc dû gérer la privation d’internet de manière séparée pour les différentes rubriques durant environ trois mois précédent le numéro, cela demandant une organisation plus complexe et précise !
Zone floue
Il n’est pas facile de certifier une information « 100% sans internet » ! Les chroniques de livres sont bien sans internet. Mais nous ne nous souvenons plus si le livre a été reçu spontanément ou parce que nous l’avions commandé par internet au préalable auprès de l’éditeur ! Pour trouver l’adresse d’un éditeur, il aurait fallu aller dans un bureau de poste et consulter l’un des 100 annuaires départementaux pour trouver les coordonnées (si on connaît son département !).
Triches
Nous recevons l’essentiel de nos infos sur Fukushima par des listes internet (Reseau Sortir du nucléaire, ACRO…). Dans ce numéro, on ne trouvera que les rares infos sur la catastrophe relévées dans la presse… mais en parallèle, pour ne pas avoir trop de travail ensuite, nous avons quand même traité l’information des courriels en préparant la version longue qui sera mise sur internet après la fin de l’expérience… et dont un résumé sera placé dans le numéro de janvier.
Nous avons accepté une annonce qui est arrivé par courriel… suite à une erreur de notre part. L’annonce ayant été oubliée dans le numéro précédent. D’autres annonces, reçues par courrier ont été reportées à janvier… car le seul contact indiqué est un courriel.
Nous avons essayé de fonctionner avec nos collaborateurs éloignés avec des clés USB… mais cela s’est heurté à des problèmes techniques : clé non compatible entre ordinateurs, retard de la Poste et en catastrophe nous avons du renvoyer des corrections… par internet.
Bétisier
Pour garder un lien avec la grande presse, nous avons souscrit à un abonnement au Monde. Mais ceux-ci se sont plantés sur les dates. Pour corriger nous avons envoyé un courriel doublé d’un courrier (puisque la gestion par internet n’était pas interrompue). Cela leur permis d’avoir un courriel de chez nous. Et de nous envoyer le message suivant : "En raison d’un mouvement social, Le Monde daté mercredi 10 octobre ne paraît pas. Nous vous présentons toutes nos excuses pour ce désagrément, qui vous prive de la lecture de votre journal. En tant qu’abonné(e) au quotidien, vous pouvez néanmoins le consulter sur Le Monde.fr…". Pas facile de se passer d’internet !
Frustrations
Le 16 octobre, nous apprenons par nos réseaux militants que plus de 500 gendarmes et CRS ont investi la Zone à défendre à Notre-Dame-des-Landes. Nous sommes envahis de… courriels. Dans un numéro normal, nous aurions aussitôt travaillé par internet pour collecter infos et photos. Sans internet, le résultat est plus modeste… De fait, les collectifs qui travaillent sur les gaz de schiste, la transition, etc., ne communiquent quasiment que par internet. On se retrouve privés de leurs informations sans cet outil.
A la relecture des brèves que nous avons collecté dans les médias classiques, on s’aperçoit vite que l’on y trouve surtout des informations qui viennent "d’en haut", des institutions, de la communication industrielle… Ce n’est certes pas inintéressant, mais cela donne l’impression qu’il ne se passe rien sur le terrain, que l’on a rien à y redire… et que l’on se trouve impuissants face à ce qui nous tombe dessus. On est loin de nos multiples informations "d’en bas" habituelles.
C’est à la fin de l’expérience, le délai de bouclage approchant, que les choses se sont emballées et que nous avons dû faire le plus de compromis et de « tricheries ».
La poste, le téléphone et les rencontres
Nous n’avons parfois que le courriel de certain-e-s de nos collaborateurs/trices extérieur-e-s. ce qui nous a mis au défi de rechercher certaines coordonnées en mettant à contribution nos réseaux (« un-tel doit connaître une-telle »).
Silence a souhaité informer quelques « grands » médias de son initiative originale. Nous avons décidé de leur envoyer un communiqué de presse… par voie postale uniquement.
Sans internet, cela nous obligerait en principe à une plus grande anticipation, et finalement à décélérer. Mais essayer de décélérer seul dans un monde qui lui vit avec internet a été un handicap certain… et finalement cela a demandé de nombreuses heures supplémentaires et pas mal de stress.
On ne peut guère s’échapper seul ! Dès le mois prochain, on rentre dans le rang ! Malheureusement pour certains, avec soulagement pour d’autres.
La rédaction