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Plantes sauvages : de consommateur, redevenons jardinier, greffeur, cueilleur, cuisinier…

Moutsie

L’anti-consommation passe par l’action de trouver de quoi se nourrir en dehors des circuits classiques. Jardiner, greffer, glaner, ramasser des champignons et des plantes sauvages sont devenus des actes de résistance…

Un jardin est un lieu d’une grande richesse alimentaire cultivée. Mais combien savent que les plantes sauvages qui s’y trouvent, celles qui sont « mauvaises » et mal-aimées sont souvent de véritables trésors comestibles ?
Quel gâchis ! Ces herbes sont parfois arrosées de désherbant, dans le meilleur des cas arrachées, alors que 80 % sont comestibles et/ou médicinales ! Il est important d’en prendre conscience et de changer notre regard sur elles. De plantes envahissantes, elles deviendront des légumes et une pharmacie à disposition…
Réjouissez-vous d’avoir du mouron blanc entre vos carottes car il est tout simplement excellent en salade ou en soupe ! Il suffit d’apprendre à le connaître et le reconnaître. Une sortie avec une personne compétente pour vous montrer ces plantes s’avère utile pour en faciliter l’identification mais, dans un premier temps, un bon guide fera l’affaire : facile de reconnaître l’ortie qui se mange (c’est celle qui pique), la mâche sauvage ou doucette (elle ressemble à sa sœur cultivée), le pissenlit, le plantain, le pourpier, etc. Chaque séance de désherbage s’accompagnera donc désormais d’un tri de ces « bonnes » herbes : certaines seront mises au panier pour la salade ou la soupe (cardamine hérissée, mouron blanc, pourpier, chénopode…), d’autres délicatement coupées à la base pour que les jeunes pousses puissent continuer à nous approvisionner (ortie, pissenlit, laiteron…). Il y a celles qui sont aromatiques et qui parfument agréablement les sauces, les salades, le riz ou les galettes végétales (vergerette du Canada, alliaire, achillée millefeuille, marguerite, pimprenelle, etc.). Si d’autres ne se mangent pas, elles peuvent être récoltées comme plantes médicinales pour les tisanes (verveine officinale, chiendent, molène, etc.). D’autres, plus nombreuses, sont mellifères. Attention aux toxiques (euphorbes, morelle noire, datura), qui seront mises au compost ou laissées sur place, en paillage.
Il est même conseillé d’en introduire certaines qui seront considérées comme des légumes. Soit vous récupérez des graines sur les plantes sauvages (coquelicot, moutarde, chardon-marie… ) soit vous les achetez (1) (bourrache, calendula, campanule raiponce, bardane…), soit vous les transplantez à l’automne ou au début du printemps, lorsqu’elles sont jeunes (ortie, mauve, violette, consoude, marguerite, plantain lancéolé…). Attention, respectez bien leur milieu (même sol, besoin en eau, ombre…) et ne touchez pas aux plantes devenues rares à cause de cueillettes excessives (voir liste).

Conservation à l’huile

Le jardin, aussi paradoxal que cela puisse paraître, est le lieu idéal pour la cueillette des plantes sauvages comestibles. Assurez-vous de l’absence de pesticides si ce jardin n’est pas le vôtre. Dans un lieu cultivé, les plantes sont différentes de celles de la campagne environnante, où souvent les lieux de cueillette fondent comme neige au soleil. Ainsi, routes, autoroutes, lieux de promenade des toutous, cultures et élevages intensifs réduisent nos espaces libres de cueillette. Il faut donc rester vigilant sans être trop obsessionnel, faute de passer à côté de toutes ces saveurs bienfaisantes qui sont de vrais cadeaux de la nature. La montagne est moins polluée et plus riche en plantes alimentaires, et lorsque celles-ci sont passées ou fanées en plaine, les retrouver en altitude est un vrai régal (feuille d’aubépine, fleurs de sureau ou de pissenlit…).
Si vous habitez en ville ou si la récolte d’une plante est abondante à un moment donné, il est possible de la conserver à l’huile en fabriquant un pesto : choisissez bien le lieu de cueillette car dans ce cas les plantes ne seront pas lavées, l’eau et l’huile ne faisant pas bon ménage… Ces pestos sont préparés avec une ou plusieurs plantes (ortie, ail des ours, consoude, chénopode…) dont certaines peuvent être aromatiques : il vous suffira de les hacher très finement, d’en remplir de petits pots bien propres et secs, puis d’y verser de l’huile de tournesol ou d’olive. Bien fermer le tout et conserver dans un lieu frais. Le congélateur est loin d’être un mode de conservation écologique mais, si vous en avez un, n’ayez pas peur de le remplir de vos récoltes occasionnelles et saisonnières. Dans ce cas, les plantes seront bien lavées, blanchies et utilisées par la suite pour les soupes, les tartes, pour accompagner les céréales, etc.


Quelques règles de cueillette des plantes sauvages

Toujours partir avec quelqu’un qui s’y connaît ou avec un guide de reconnaissance en poche et surtout, quand on hésite, ne pas consommer avant d’avoir l’avis d’un connaisseur. On ne cueille ni en ville ni sur le bord des routes ou des chemins, mais dans des zones dépourvues de toute pollution et pâturage. On cueille en quantité raisonnable, en laissant toujours environ 10 % de la quantité sur la zone.

A la question « y a-t-il un risque de voir ces plantes se raréfier si tout le monde se met à les ramasser ? », la réponse est oui si elles sont cueillies n’importe comment. La mode ou le succès d’une plante mène souvent à son extinction… mais si vous vous convertissez à la cueillette respectueuse, le risque est plutôt faible : ne pas ramasser trop de plantes au même endroit, ne jamais les arracher mais au contraire utiliser un couteau ou un sécateur pour pratiquer une coupe qui facilitera leur repousse. Si la racine est la partie recherchée (campanule raiponce, pissenlit, bardane, cardère…) ne prenez pas plus d’un dixième des plantes présentes sur le lieu pour assurer leur pérennité. Pour cette même raison, le jardin est un lieu de cueillette intéressant !
Une alimentation saine est avant tout une alimentation « vivante ». Alors, sachez que si les graines germées, les légumes frais en sont la base, les plantes sauvages y trouvent aussi une place de choix. Celles-ci sont non seulement gratuites mais aussi extrêmement riches en vitamines, minéraux, acides aminés, protéines (certaines plantes comme l’ortie, la mauve, l’amarante en sont plus riches que le soja…) et permettent d’avoir une alimentation diversifiée, originale, riche en saveur et en couleur (fleurs diverses).
Elles sont également une excellente façon de dire non aux compléments alimentaires qui sont avant tout des produits mis sur le marché par ceux qui nous servent des aliments pesticidés, « morts », ceux-là même que nous devons de toute urgence arrêter de financer pour retrouver notre propre autonomie.

Moutsie

• Association L’Ortie, tél : 04 68 20 36 09, lortie@wanadoo.fr

(1) Les jardins de Sauveterre Laboutant 23220 Moutier-Malcard, tél : 05 55 80 60 24, graines de plantes sauvages. Ponéma, Annepont 17350 Saint-Savinien, troc de graines de plantes sauvages. Voir aussi les semenciers « alternatifs » : Kokopelli, Oasis, 131, impasse des Palmiers, 30100 Alès, tél : 04 66 30 64 91 ; Graines del Païs, le village, 11240 Bellegarde-du-Razes ; Ferme de Sainte-Marthe, www.fermedesaintemarthe.com  ; Biau germe, www.biaugerme.com  ; Germinance, www.germinance.com, etc.

Plantes sauvages menacées

Voici la liste* de plantes locales à ne plus ramasser en grande quantité à l’état sauvage et à ne plus acheter sous forme de tisanes, plantes aromatiques ou huiles essentielles. La culture en est vivement conseillée.

  • Ail des ours (Alium ursinum)
  • Agripaume cardiaque (Leonorus cardiaca)
  • Anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris)
  • Grande aunée (Inula helenium)
  • Carline (Carlina acaulis)
  • Chardon béni (Cnicus benedictus)
  • Cheveux de vénus (Adiantum capillus-veneris)
  • Ciste ladanifère (Cistus ladaniferus)
  • Fenouil marin, criste marine (Crithmum maritimum)
  • Cynoglosse officinale (Cynoglossum officinale)
  • Epine-vinette (Berberis vulgaris)
  • Gattilier (Vitex agnus-castus)
  • Génépis (Artemisia mutellina)
  • Gentiane jaune (Gentiana lutea)
  • Gratiole officinale (Gratiola officinalis)
  • Immortelle d’Italie (Helycrisum italicum)
  • Petite pervenche (Vinca minor)
  • Sarriette des montagnes (Satureja montana)
  • Scrofulaire noueuse (Scrofularia nodosa)
  • plante non locale : Griffe du diable (Harpagophytum)

* liste (non exhaustive) établie par le syndicat SIMPLES, Syndicat inter-massifs pour la production et l’économie des simples, Chemin des Genestons, 26110 Nyons, tél : 06 62 50 24 80.


Pour trouver la stévia : www.lamaisondustevia.com
Pour connaître les plantes sauvages comestibles : www.couplan.com
ou http://fr.ekopedia.org/Plante_sauvage_comestible

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