Ainsi une ville comme Lyon ne propose pas moins de deux millions de documents à ses usagers répartis sur quinze sites. A l’opposé, les bibliothèques départementales de prêt proposent parfois un fonds documentaire de quelques mètres linéaires seulement pour de tout petits espaces villageois. Mais la volonté de certaines petites communes, parfois 400 habitants seulement, d’accueillir ce service de prêt est plus que louable et à encourager. Des grandes unités qui fonctionnent avec force cartes magnétiques, pièces justificatives d’identité, de domicile et de revenus, des petites salles ouvertes deux à trois heures par semaine où les fiches cartonnées circulent encore et l’identité est déclinée oralement, des services spécialisés accessibles aux… spécialistes seulement, les formules sont diverses.
Toutes les méthodes sont bonnes pour choisir ce qu’on va lire.
Mais passé le comptoir, la table d’accueil ou encore les portillons électromagnétiques, lorsque l’on se retrouve enfin seul devant un rayon, le plaisir reste le même. Curiosité, surprise, émotion, agacement parfois sont au rendez-vous. Promener son regard sur les couvertures, parcourir quelques lignes au hasard des pages, s’attarder sur un documentaire inattendu ou s’écrouler dans un fauteuil avec une bande dessinée, voilà différentes manières de se laisser prendre par et à la lecture. Certains préfèrent flâner dans les rayons comme ils divagueraient au hasard des rues d’une ville inconnue, d’autres font une recherche rigoureuse et ne s’en écartent en aucun cas comme ils suivraient un parcours précis sur une carte sans oser quitter le chemin, d’autres encore survolent les nouveautés en bout de « gondoles » comme ils suivraient les conseils des guides touristiques pour le choix de sites à visiter. Toutes les méthodes sont bonnes pour choisir ce qu’on va lire, pour choisir de lire.
Au rayon géographie, les guides touristiques et les « beaux livres » avec moult photos pleine page nous font visiter un peu du pays, en n’en présentant souvent que ce qui « se vend ». Dans le secteur histoire, c’est un voyage à travers des siècles d’humanité qui nous attend. Les rayons loisirs, jardinage nous donnent plein d’idées pour rêver d’un autre chez soi. Chaque espace thématique peut nous faire voyager ainsi à moindres frais, mais le secteur de la littérature laisse sans doute la plus grande part au rêve, à l’imagination, au voyage intérieur.
Kerouac nous entraîne Sur la route, Georges Perec nous fait découvrir ces Espèces d’espaces, Pierre Sansot nous révélait La poétique de la ville avant de nous faire son Eloge du bon usage de la lenteur sur Les chemins aux vents. Arto Paasilinna ne se lasse pas de nous faire voyager à travers la Finlande au gré des aventures rocambolesques de ses personnages loufoques comme Le lièvre de Vatanen ou Le meunier hurlant, la liste est sans fin et se construit chaque jour au fil des éditions.
Magazines, polars, documentaires, guides, cahiers techniques, romans, bandes dessinées, il y en a pour tous les goûts, pour toutes les destinations : de la simple distraction aux études approfondies. Des milliers de pages à parcourir nous attendent encore !
Ecologiquement, mieux vaut le témoignage d’un seul voyageur, qui se déplace éventuellement à pied ou par des transports doux, que le déplacement de milliers de personnes.
Dorothée Fessler
(1) D’après le Catalogue collectif de France.