Actuellement, il existe de multiples mouvements contre la voiture dans les villes. Aucun à la campagne. D’une part, il y a beaucoup de gens qui vivent en ville et qui peuvent se mobiliser sur une telle question, d’autre part, il existe souvent des alternatives par les transports en commun publics pour se passer de la voiture. C’est donc relativement facile de se passer de la voiture.
Les villes ont pour elles qu’elles devraient faciliter les rencontres entre personnes de différentes origines… si elles ne sont pas en train de regarder la télé ou leur ordinateur. Aujourd’hui les villes sont dépendantes de la campagne pour la nourriture, pour l’eau, pour l’énergie et même pour respirer de l’air pur. Les villes sont également dépendantes de la campagne pour évacuer une quantité incroyable de matériaux, de déchets, solides, liquides ou gazeux.
Aujourd’hui, il est impossible de parler d’améliorer la condition de vie en ville sans y intégrer les conditions de vie à la campagne. Car le développement insoutenable des villes tue aussi le mode de vie des villages : déplacement pour acheter dans les grands centres urbains, la voiture invite à aller se reposer à la campagne et pendant que les personnes qui vivent dans les campagnes disparaissent, elles sont remplacées par les urbains qui viennent pour s’y distraire et échapper à un environnement pollué. Les villages deviennent alors des cités-dortoirs et les aller-retour pour le travail en ville se multiplient. La pollution à la campagne par la voiture provient donc pour une bonne part des dysfonctionnement de la ville (1). Combien de villages sont coupés par un axe routier ? Combien d’enfants perdent ainsi la vie ? Beaucoup de villages n’ont plus de transport public, les nouvelles routes qui annoncent le désenclavement devenant des incitations à prendre la voiture pour rejoindre la ville. Tous ces trajets villes-campagne détruisent la campagne ici, mais également dans le reste du monde avec les émissions de gaz et le réchauffement climatique, les guerres pour s’approprier le pétrole…
Vouloir réduire les nuisances de la voiture à la campagne doit donc inclure une réflexion sur l’hyper-centralisation des villes.
Vouloir diminuer les trajets en voiture suppose un changement dans la manière de penser les villes qui doivent aller vers plus d’autonomie.
Pour diminuer les trajets en voiture, il faut donc penser à une décentralisation des besoins primaires : production de nourriture, habitat, relations humaines, envisonnement sain… ce qui suppose un changement dans la manière de penser les villes qui doivent aller vers plus d’autonomie. A l’inverse, à la campagne, il faut aller vers une centralisation au niveau des villages pour éviter le mitage de l’habitat dont l’éparpillement coûte extrêmement cher en ressources naturelles. Habiter un village et non une maison isolée permet d’énormes économies non seulement au niveau des transports, mais également pour le maintien des services publics, pour les canalisations d’eau, pour l’approvisionnement en énergie, pour favoriser le recyclage…
Il n’y aura de campagne sans voiture que quand il y aura des villes sans voiture.
François Schneider
(1) Selon l’ADEME, un tiers des camions qui circulent transportent des déchets !