Il est vrai qu’une éolienne d’aujourd’hui, que sa taille soit petite ou grande, s’appuie d’une part sur la chimie pour sa composition (utilisation de fibres de carbone pour avoir des pales légères), sur l’aéronautique (forme des pales pour démarrer au moindre vent), sur l’électromécanique (pour transformer l’énergie éolienne en courant électrique). Il est donc vrai qu’il n’est pas possible de rêver un monde en dehors de l’industrie en passant par les éoliennes.
C’est encore pire pour les photopiles : pour monter une cellule au silicium, il faut une haute technologie que ne possèdent que quelques usines dans le monde. S’il est possible de bricoler une éolienne soi-même avec un rendement moindre, il est totalement impossible de couper artisanalement des couches minces d’une roche pour faire des cellules photoélectriques.
Ceci nous amène peut-être à réfléchir aux techniques que nous pouvons accepter et celles que nous refusons. Le mythe de l’écolo le fait souvent représenter sur un vélo (1), pourtant là-aussi, il y a dans ce simple véhicule de la très haute technologie (essayez de fabriquer vous-même votre dérailleur), tout comme il y a déjà une mondialisation de la fabrication : les maillons des chaînes de vélo proviennent tous de deux fabricants situés en Inde. Ne parlons pas de l’origine des alliages...
Sans perdre de vue ces données, il faut donc déplacer le débat : quelles sont les conséquences écologiques et sociales de ces produits, quels sont leurs écobilans (en amont et en aval de l’utilisation) et bien sûr ne jamais oublier que lorsque l’on peut se passer de quelque chose, c’est ainsi que l’on obtient le meilleur bilan écologique.
Michel Bernard
(1) Affiche des vingt ans de Silence, couvertures des numéros 283, 284...