On voit fleurir des ruches dans un nombre grandissant de villes. Sous prétexte de soin apporté à la biodiversité, des entreprises ou collectivités proposent l’installation de ruchers et autres colonies. Intérêt ou niche économique ?
On voit fleurir des ruches dans un nombre grandissant de villes. Sous prétexte de soin apporté à la biodiversité, des entreprises ou collectivités proposent l’installation de ruchers et autres colonies. Intérêt ou niche économique ?
Yves Darricau est ingénieur agronome, consultant, apiculteur et planteur d’arbres. Il a publié Planter des arbres pour les abeilles – l’api-foresterie de demain (Éditions du Terran) pour informer le public sur l’alimentation des abeilles en cette période de réchauffement climatique et d’agriculture plutôt agressive vis-à-vis des abeilles. Entretien avec un défenseur de la pollinisation.
À rebours de l’apiculture conventionnelle qui cherche avant tout à produire du miel, l’apiculture naturelle se propose de reléguer la question de la production au second plan pour se concentrer sur l’autonomie et la liberté des abeilles.
L’apiculture jouit d’une très bonne image et il est difficile d’en critiquer les méthodes. Pourtant, on élève des abeilles comme l’agriculture intensive élève d’autres animaux : sans respecter leur rythme biologique. Bernard Bertrand, auteur du livre Ruches de biodiversité, fondateur et rédacteur en chef de la revue Abeilles en liberté, plaide en faveur de moins d’interventionnisme.
À Montélier, dans la Drôme, Sébastien Blache n’est pas avare de détails sur la diversité des oiseaux de sa ferme. Et pour cause…
La ferme d’Antoine et Marion est nichée dans un écrin de verdure du bocage mayennais. Au printemps, la cour de la ferme, qui surplombe un petit vallon, résonne des chants des fauvettes, rouge-gorges, troglodytes, mésanges et autres grimpereaux.
Depuis les années 1960, en Alsace, Dominique Schmitt est un précurseur des « Paysans de nature » qui sont à l’honneur dans ce dossier.
L’expression « Paysans de nature » est née dans le marais breton en 2014 pour désigner des projets de protection de la nature par l’installation paysanne. Le réseau Paysans de nature, constitué de ces paysan·nes qui ont choisi l’agriculture comme outil de protection de la faune et de la flore, est en cours de structuration au niveau national. Deux de ses initiat·rices nous présentent cette démarche originale.
Inès Léraud et Pierre Van Hove
Éd. La Revue dessinée / Delcourt, 2024, 192 p. 23,50 €.
Après des mois et années à refuser les doux noms d’oiseaux dont nous affublent les « destructivistes », de « zadiste » à « khmer vert » en passant par l’incontournable « écoterroriste », que dire du mutisme qui a saisi une grande partie de la classe politique lorsque le secrétaire général de la Coordination rurale, syndicat agricole classé à l’extrême-droite, se laisse aller à affirmer que « Une voiture de l’OFB [Office Français de la Biodiversité] qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place » ?
Depuis 2018, Bao Fernandes est installée sur une ferme de 10 hectares dans le Finistère, où légumes et aromates sont produits en combinant agroforesterie, agriculture végan et maraîchage sur sol vivant. D’origine indienne, elle a dû faire face à l’invisibilisation et au marque de reconnaissance de son travail à cause des biais racistes qui imprègnent notre société.
La Sécurité sociale de l’alimentation constitue une porte d’entrée pour le droit à l’alimentation (1). Mais elle n’est pas la seule. Bien d’autres initiatives incarnent des brèches désirables dans un système agroalimentaire insoutenable. Dans le Vaucluse, Commune ferme, association de maraîchage pour toutes et tous, cultive la réciprocité plutôt que la charité. À Paris, la Cantine des Pyrénées, autogérée et sans salarié·es, a supprimé les catégories « bénévoles » versus « bénéficiaires ». Près de Dijon, un marché bio dans un quartier populaire recherche la façon la plus équitable de fixer les prix pour ses légumes autoproduits. Autant de « déjà-là », à reproduire, collectivement et sans modération, à côté de chez soi.
Et si on recevait chaque mois 150 euros pour s’alimenter avec de bons produits ? C’est ce que propose le projet de Sécurité sociale de l’alimentation (SSA), en imaginant ajouter une nouvelle branche (1) à la Sécurité sociale : l’alimentation. Quoi de plus logique, quand on pense que l’alimentation est à la base de la santé ?
Le Kenya connaît durant l’été 2024 une vague inédite de protestation. En mai, le président William Ruto dévoile le nouveau projet de finances, dont la vaste augmentation de taxes provoque la colère, dans un contexte de services publics inaptes à répondre aux attentes du peuple.
Parler d’OGM en médecine est inapproprié sauf en de rares cas. En effet, un OGM est un Organisme vivant qui a été Génétiquement Modifié en laboratoire. Dans le domaine de la santé humaine, on appelle parfois « OGM », des médicaments, des vaccins, des techniques thérapeutiques. Or, ces substances qui entrent dans le corps humain ne sont pas des « organismes ». Le flou sémantique ne s’accorde pas avec la biologie et nous oblige à préciser le champ recouvert par les « OGM » en médecine.
Au début de l’année 2024, le monde agricole s’est enflammé : les paysan·nes veulent vivre dignement de leur travail. Plus d’un·e agricult·rice se suicide chaque jour (1). Notre modèle agricole empoisonne les travaill·euses et repose sur l’exploitation des ouvri·ères agricoles, notamment des étrang·ères. (...)
Dans le monde, entre 60 et 80 % de la production alimentaire est assurée par des femmes. Paradoxalement, l’agriculture française est perçue comme un milieu majoritairement masculin auquel Cyrielle Bignonneau, Philippine Dupé et Clémentine Bourgeois, étudiantes en école d’ingénieurs agronomes, avaient du mal à s’identifier.
Depuis les années 1990, une coopérative du nord-ouest de la Sicile permet à des paysannes et paysans de continuer à travailler sur des petites surfaces agricoles, sans se spécialiser, et de rester maîtres de leurs décisions, tout en s’assurant un revenu juste.
Saad Dagher, Lina Ismail et Mohammed Khoueira, membres du Forum palestinien de l’agroécologie, sont venu·es en France en octobre 2024 pour une rencontre sur les semences paysannes. La radio associative Radio Zinzine en a profité pour faire une entretien avec elleux. En voici quelques extraits.
Frank Sarda, éleveur dans la Loire, partage son témoignage sur l’obligation de pucer les brebis, la résistance à celle-ci et la violence administrative.
Publié le 9 avril 2024, le décret censé encadrer les projets « agrivoltaïques » estime qu’ils permettraient d’« améliorer le bien-être animal » en apportant de l’ombre. Mais l’exposition aux champs magnétiques est-t-elle si bénéfique pour la santé des animaux en-dessous ? Nous dévoilons des résultats inédits.
À l’ouest de Liège, au centre du village de Borlo, dans une grosse ferme carrée, une quinzaine de personnes cherchent à lier vie quotidienne, activités agricoles, artisanales et artistiques, dans un esprit écologique et coopératif.
Plus de 6 000 personnes se sont mobilisées le 11 mai 2024 en Limagne dans le Puy-de-Dôme pour s’opposer au plus gros projet de méga-bassine de France. Elles ont planté de jeunes arbres tout autour d’un des sites prévus et obstrué deux drains pour défendre une alternative : stocker l’eau dans les sols.
À vélo, Isabelle Duval a été interroger 22 maraîch·ères bio de Bretagne (et une à Mayotte !) pour montrer les bonheurs et les difficultés de chacun·e. Beaucoup de temps de travail pour souvent un petit revenu, beaucoup d’expérimentations, parfois de la fatigue et du découragement, que l’on soit enfant de la (...)
L’industrie photovoltaïque se base sur un argument essentiel pour justifier le déploiement des panneaux solaires sur des hectares de terres agricoles : ceux-ci rendraient des services à l’agriculture. Alors que le décret d’application censé encadrer les projets dits « agrivoltaïques » vient d’être publié ce 9 avril, Silence, en collaboration avec le journal L’Empaillé, publie les résultats d’un rapport confidentiel de la société Sun’agri. Il révèle les conséquences désastreuses de leurs installations photovoltaïques sur des vergers.
La ferme Emmaüs Baudonne, dans les Landes, est la première ferme à proposer un aménagement de fin de peine dédiée aux femmes incarcérées en France. Elle leur permet de sortir de prison pour travailler comme salariée dans une ferme de maraîchage bio et de leur redonner ainsi un peu d’autonomie.
Depuis l’annonce de dissolution des Soulèvements de la Terre, 201 comités locaux se sont créés partout en France (et au-delà !). Des militant·es d’horizon divers veulent soutenir le mouvement national, mais aussi appuyer les luttes écolo locales en conservant ce qui fait la force des Soulèvements : le nombre, et le « désarmement » des industries écocides. Silence a mené l’enquête au sein d’un comité de la région parisienne (1).
Alors que la population paysanne disparaît en France, des milliers de personnes étrangères sont exploitées par l’agroindustrie, sans droit et parfois même sans accès à l’eau. Le Collectif de défense des travailleurs et travailleuses étrangères dans l’agriculture (CODETRAS) se bat à leur côté pour défendre leur dignité.
En Cisjordanie, le village de Burin subit les assauts et les destructions des colonies israéliennes illégales qui l’entourent. Cela n’empêche pas ses habitant·es de mettre en place des pratiques d’agroécologie inspirantes, dans un esprit de résistance.
Depuis deux ans, l’association Accueil, Agriculture, Artisanat tisse un réseau d’entraide pour favoriser l’installation de personnes avec ou sans papier en milieu rural, et la formation agricole et artisanale. Entretien avec Habib et Tarik, deux des quatre fondateurs de l’association.
Pas moins de 30 000 personnes ont manifesté le 25 mars à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, pour mettre à l’arrêt les chantiers de mégabassines, gigantesques réserves d’eau devenues des symboles de la lutte contre l’agro-industrie. Reportage depuis l’intérieur de cette mobilisation historique.
Une agriculture qui serait fondée sur la nature, pilotée par les besoins de la population et non pas par « l’offre » des marchés : voilà ce que dessine, pour 2050 en France, le travail prospectif de l’association Solagro. Intéressant, même si nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets.
« Regardez, j’ai passé ma ferme en circuit court, monté un atelier de transformation, gagné en autonomie ou converti mes productions à l’agriculture bio… Et je m’en sors ! Elle est là, la solution pour l’agriculture, il suffit que tout le monde fasse comme moi ! » Cette fable n’est plus vraie aujourd’hui. Il est urgent de passer à autre chose.
Aline Mercan est médecin généraliste et phytothérapeute. Elle alerte dans son livre Manuel de phytothérapie écoresponsable sur le fait que certaines plantes médicinales sont menacées de disparition, et donne des clés pour se soigner naturellement de manière responsable.
En 2007, la Noix de Grenoble fait face à l’arrivée destructrice de la mouche du brou, une situation inédite. Espérant l’éradiquer, les autorités contraignent les nucicult·rices à traiter leurs noyeraies avec des pesticides. En vain.
La terre agricole recouvre la moitié du territoire français. Elle fait depuis toujours l’objet de luttes entre agricult·rices, mais pas seulement : aujourd’hui cette ressource est menacée par des industries désireuses de maîtriser les matières agricoles. Assiste-t-on à un accaparement qu’on croyait réservé aux pays de l’hémisphère Sud ?