Silence consacre son dossier de l’été 2021 à la nécessité de « Décoloniser l’écologie ». Dette écologique, gestion néocoloniale des parcs naturels africains, procès de l’agent orange, racisme environnemental au sein de nos sociétés, y sont décryptés. Une écologie qui ne serait pas explicitement décoloniale et antiraciste dans ses analyses et dans ses objectifs, risque fort d’être porteuse sans le vouloir de dynamiques coloniales et racistes. C’est pourquoi il nous semble nécessaire rendre cette réflexion centrale dans nos cercles et nos mouvements.
C’est l’occasion de revenir sur plusieurs décennies de critique du colonialisme dans Silence. Campagnes et numéro hors-série contre le Paris-Dakar dans les années 1980-1990, analyse des mécanismes néocoloniaux à l’œuvre via la Françafrique notamment, critique du développement et du développement durable comme continuation du colonialisme, critique des guerres impériales, font partie de notre engagement contre les injustices et les inégalités mondiales.
Plus récemment, la revue a dénoncé les nouvelles formes de colonialisme « écologique » qui ont émergé. C’est clairement une écologie décoloniale et décroissante qu’il nous semble nécessaire de construire pour ne pas reproduire les formes d’exploitation néocoloniale que nous dénonçons.
Voici quelques textes qui viennent nourrir ces réflexions.
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N°501 « Décoloniser l’écologie », juillet 2021 L’écologie, un problème colonial L’économie de croissance capitaliste s’est fondée sur la destruction d’écosystèmes et l’imposition de monocultures néfastes et tournées vers l’exportation au détriment des besoins locaux dans les colonies, qui ont détruit des modes de vie, suscité des répressions violentes et dont les effets se font toujours sentir aujourd’hui.
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N°471 « L’arbre, cet allié méconnu », octobre 2018 Le développement, un colonialisme qui ne dit pas son nom Thierry Sallantin revient ici sur la guerre des mots organisée discrètement par les forces du marché liées aux États : comment elles ont introduit le mot « développement » puis comment est arrivé l’adjectif « soutenable » travesti ensuite en « durable ». Une utile mise au point.
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N°422 « Décolonisons nos luttes », avril 2014 Décoloniser nos revendications Nous devons penser nos luttes sociales en les reliant au poids de notre niveau de vie sur le reste du monde, argumente le sociologue portoricain Ramon Grosfoguel, qui appelle les mouvements sociaux du Nord à se décoloniser (1).
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N°420 « Quand jardiner soigne », février 2014 Maghreb : quand l’écologie servait le colonialisme Une étude de Diana K. Davis montre que durant l e 19e puis au début du 20e siècle, la protection de l’environnement servait de prétexte pour exproprier les Nord-Africains : les sociétés agro-pastorales étaient accusées d’avoir entraîné, par leur mauvaise gestion des ressources, la désertification. Les (...)
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N°361 « Les nouvelles formes du colonialisme », octobre 2008 Quand la bagnole du riche affame le pauvre Deux citations espacées de presque trente ans permettent de caractériser les échanges économiques entre l’Afrique et les pays occidentaux, au premier desquels la France : « L’agriculture ne sert plus à nourrir les populations, mais à produire des devises »1 ; « Que deviennent ces revenus pétroliers ? Pourquoi la population n’en bénéficie-t-elle pas ? »2. Les biocarburants s’inscrivent dans la suite logique de deux « inventions » majeures du 20e siècle, la révolution verte et l’exploitation industrielle de l’or noir : c’est le miracle du pétrole vert.
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N°361 « Les nouvelles formes du colonialisme », octobre 2008 CO2lonialisme La « compensation volontaire » des émissions de gaz à effet de serre est un business en plein essor. Mais, outre qu’elle permet de s’acheter à bon compte une bonne conscience, elle relève pour une large part d’une nouvelle forme de colonialisme.
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N°489 « Kraftwerk : une utopie réalisée ? », juin 2020 Décoloniser l’écologie Les civilisations que l’Occident a colonisé n’avaient pas besoin d’une science écologique car elles ne se fondaient pas sur la coupure nature/culture, qui ouvre la voie à l’instrumentalisation de la nature. Décoloniser l’écologie revient à remettre en cause les présupposés de la modernité.