1er octobre
- France : près de 5000 personnes manifestent à Flamanville pour l’arrêt du chantier de l’EPR.
- Japon : lors des pluies du 28 septembre dernier, 6,6 m3 d’eau de pluie ont pénétré au rez-de-chaussée et dans les sous-sols du réacteur n° 2 de la centrale de Shika. Cette centrale est à l’arrêt. Du matériel électrique a été endommagé, notamment un tableau électrique commandant un système de refroidissement de secours.
2 octobre
- Japon : Tepco vient de recevoir une nouvelle aide de 913 millions d’euros. Ce 56e versement fait monter sa dette envers l ’Etat à 56,3 milliards d’euros.
- Japon : faute d’avoir une autre idée, Tepco demande à poursuivre ses essais pour geler le sol commencé début avril 2016. Alors que cela devait, en théorie, être efficace au bout d’un mois et demi, ce n’est toujours pas le cas six mois plus tard. Non seulement, le flux des eaux souterraines n’a pas baissé, mais le typhon Malakas, qui a arrosé la région du 20 au 23 septembre a provoqué un dégel partiel des sols.
- Japon : après le passage du typhon Malakas, le niveau d’eau sur le site de la centrale accidenté a dépassé de 3 cm les digues installées, provoquant un écoulement en mer d’eaux radioactives. Alors que les écoulements en mer étaient descendus à 180 m3 par jour en moyenne, ils sont remontés jusqu’à 1200 m3 dans les jours qui ont suivi les pluies intenses de septembre. Tepco annonce que la concentration en césium dans l’eau de mer à proximité de la centrale a atteint 95 Bq/litre… Pendant ce temps, on autorise les pêcheurs à venir au large pour essayer de nettoyer les fonds marins.
- Japon : l’autorité de sûreté nucléaire a demandé à plusieurs reprises à Tepco de pomper l’eau qui s’est accumulée dans les réacteurs accidentés de Fukushima. Il y en aurait 68 000 m3. Tepco affirme ne pas avoir la capacité de le faire pour le moment… et annonce un plan de pompage qui doit durer jusqu’en 2020. Jusqu’au Jeux olympiques ?
4 octobre
- Japon : la FEPC, fédération des compagnies productrices d’électricité estime que les compagnies n’ont pas à subir les pertes financières du fait du maintien des réacteurs arrêtés et demande au gouvernement de prendre en charge ce budget qu’elle estime pour le moment à 70 milliards d’euros. La FEPC estime que le coût de l’accident, outre ces 70 milliards, se monte déjà à 61 milliards pour les compagnies électriques autres que Tepco. Cette dernière a déjà provisionné 17,4 milliards pour le démantèlement des réacteurs. Cela fait maintenant monter la note à près de 150 milliards d’euros.
6 octobre
- Japon : le réacteur n° 1 de Sendai est mis à l’arrêt pour maintenance normalement pour deux mois. Il ne reste que deux réacteurs en fonctionnement. Le réacteur n° 2 doit aussi être arrêté en décembre. Le gouverneur de la région, élu sur un programme antinucléaire, va demander encore une fois de nouvelles expertises… même s’il n’a pas le pouvoir de les imposer.
- Japon : la NRA, autorité de sûreté nucléaire, estime que le réacteur n° 3 de Mihama peut fonctionner au-delà de 40 ans, âge qu’il va atteindre en décembre 2016. Ce feu vert autorise donc le lancement de travaux pour la mise aux normes du réacteur, travaux qui devraient durer quatre ans. Il aura donc au moins 44 ans quand éventuellement, il sera autorisé à redémarrer.
- Japon : Tepco signale qu’une fuite d’eau très radioactive (590 000 Bq/litre) a été détectée dans une cuve de stockage. 32 litres ont été retenus par les bassins de rétention avant d’être emportés par les fortes pluies de ces derniers jours. Tepco en profite pour signaler que ce sont 1 634 990 m3 d’eau qui sont actuellement stockés sur le site (1 min 3 s est équivalent à 1000 litres). Ajoutons qu’une partie de cette eau est dans des cuves dont la durée de vie est dépassée… mais Tepco affirme ne plus avoir assez d’argent pour en financer le remplacement. Par contre, elle assez d’argent pour utiliser des drones et mettre en ligne des images du découpage actuel des panneaux de protection du réacteur n° 1. La communication, cela ne se négocie pas !
7 octobre
- Japon : un incendie se déclare dans un camp de relogement à Okuma, dans la préfecture de Fukushima. 19 maisons sur 122 ont été abimées par le feu, 5 totalement détruites.
9 octobre
- Japon : le gouvernement devrait débattre de la ratification du traité de Paris sur le climat le 11 octobre avant de le soumettre au parlement. Ce sera trop tard pour participer à la conférence des parties à Marrakech, à partir du 7 novembre 2016 : il fallait ratifier un mois avant. 73 pays ont déjà ratifié le traité à ce jour ce qui permet l’entrée en vigueur de l’arrêté… sans l’aval du Japon, 6e plus gros émetteur de gaz à effet de serre.
- France : 23 des 58 réacteurs français sont à l’arrêt pour différents problèmes de maintenance soit 40 % du parc. Normalement à cette période, on ne devrait avoir que 10 réacteurs à l’arrêt pour maintenance. Chaque réacteur à l’arrêt consomme d’énormes quantités d’électricité (entre 20 et 50 MW par réacteur soit pour l’ensemble des 23 réacteurs à l’arrêt une consommation égale à… la production d’un réacteur en fonctionnement !
10 octobre
- Suisse : les trois exploitants de centrales nucléaires Axpo, Alpiq et BKW retirent leurs demandes de constructions de nouveaux réacteurs, demandes déposées en 2008 et bloquées depuis l’accident de Fukushima en 2011. Ce retrait intervient quelques jours avant un nouveau référendum qui vise à fixer une date limite de fonctionnement aux réacteurs existants.
11 octobre
- France : l’IRSN rend publique une étude d’opinion réalisée à grande échelle fin 2015 : à la question de savoir quelle est l’énergie d’avenir, 4,8 % citent le nucléaire contre 57 % le solaire, 23,5 % l’éolien. Le nucléaire recule de deux points depuis l’enquête précédente fin 2013. 94,5 % des Français ne souhaitent pas vivre près d’un stockage de déchets radioactifs, 81 % près d’une centrale nucléaire [ce qui est pourtant le cas de la plupart d’entre nous !]. A qui font-ils confiance pour s’informer sur les questions d’énergie : pas au gouvernement [1 %] ni à EDF [3 %], ni aux journalistes [6 %], ni au CEA [10 %], ni aux médecins [10 %], mais déjà plus à l’IRSN [16 %] et l’ASN [15 %]. Ce sont les associations qui arrivent en tête [27 %].
- Japon : dans la seule province de Fukui se trouvent 15 réacteurs nucléaires. Des espérantistes racontent sur le site fukushima-blog.com leur visite dans cette région : dans la ville principale d’Oï, on peut voir à l’entrée de deux salles de sport, d’un gymnase, d’un théâtre, d’un musée, d’une salle d’entrainements, de courts de tennis, d’un terrain de baseball, une même plaque sur laquelle est écrit : « subventionné par l’argent destiné à développer les villes qui accueillent une centrale nucléaire ». Comme en France, la corruption des élus est officielle.
13 octobre
- France : alors qu’une centaine d’anomalies ont été détectées à partir de l’examen de 400 dossiers de fabrication, Areva annonce une vérification sur 6000 dossiers concernant les pièces produites pour le nucléaire dans son usine du Creusot [Saône-et-Loire]. Des audits sont également engagés sur les usines de Saint-Marcel [Saône-et-Loire] et de Jeumont [Nord] qui ont aussi fabriqué des éléments des réacteurs.
14 octobre
- Japon : la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, qui appartient à Tepco, est la plus puissante au monde avec 7 réacteurs, mais en 2007, un séisme avait provoqué d’importants mouvements de sol et les réacteurs 2, 3 et 4 ont bougé à ce moment-là. Ils n’ont jamais pu redémarrer. Les autres réacteurs 1, 5, 6 et 7 ont été arrêtés par précaution en 2011 après le séisme du 11 mars. Tepco espérait pouvoir redémarrer les réacteurs 6 et 7, les deux plus récents. Mais la NRA, autorité de sûreté nucléaire, lui a demandé de faire une étude sur les risques de liquéfaction des sols en cas d’importantes inondations. Ceci était justifié par ce qui s’était passé en 2007. Or Tepco vient de rendre son rapport : malgré la construction d’un mur anti-tsunami de 15 m de haut, on ne peut exclure que le sol soit liquéfié par des infiltrations provenant de la mer ou l’accumulation d’eaux de pluie bloquée par le mur. Autre problème : le réacteur n° 3 étant condamné, Tepco avait envisagé d’utiliser la salle de commande comme centre d’urgence en cas d’accident dans les réacteurs 6 et 7. Mais la NRA n’est pas d’accord : il n’y a que 130 mètres entre les réacteurs 6 et 7 et le réacteur n° 3 et le niveau de radiation en cas d’accident comme à Fukushima ne permettrait pas de rester dans la salle de commande du réacteur n° 3.
- Japon : sur un an, 12 787 personnes ont travaillé sur le site de Fukushima dont 11 315 sous-traitants [soit 88 % du personnel]. La plus forte dose prise par un sous-traitant en août 2016 a atteint 35,71 mSv soit plus que la limite annuelle fixée à 20 mSv.
16 octobre
- Japon : des élections se tiennent dans la province de Niigata pour le renouvellement du gouverneur. C’est Ryûichi Yoneyama, médecin de 49 ans, soutenu par les partis situés à la gauche de la majorité gouvernementale, très critique envers l’industrie nucléaire, qui a remporté l’élection. Il espère pouvoir bloquer toute tentative de redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. C’est le deuxième gouverneur clairement antinucléaire élu, l’autre l’étant dans la province de Kagoshima où se trouve la centrale de Sendai.
17 octobre
- Japon : après l’élection d’un deuxième gouverneur antinucléaire, le quotidien Asahi Shimbun a commandé un sondage : 60,9 % des Japonais se prononcent contre l’usage de l’énergie nucléaire.
19 octobre
- Japon : Le président du Comité international olympique Thomas Bach a proposé d’organiser une partie des compétitions des Jeux olympiques d’été 2020 à Fukushima « afin de contribuer à la renaissance de la région et aussi donner aux habitants un sentiment de confiance et d’espoir ». Manifestement Thomas Bach ne se tient pas au courant des problèmes de contamination de la région. Alors que la sagesse voudrait que l’on augmente la zone interdite, ce n’est sans doute pas la bonne idée de vouloir y faire venir des sportifs ! A moins de croire que d’ici 2020, la radioactivité aurait miraculeusement disparue.
21 octobre
- Japon : séisme de niveau 6,6 à 76 km de la centrale nucléaire de Shimane dont les deux réacteurs sont en attente d’autorisation de redémarrage. De nombreuses maisons anciennes sont endommagées. 77 000 personnes sont privées d’électricité. 2700 personnes sont évacuées de leur logement le temps de vérifier la solidité des constructions.
- Japon : selon le gouvernement seuls 379 propriétaires sur 2360 ont accepté de signer un contrat avec l’Etat pour vendre leurs terrains dans l’entourage de la centrale accidentée. Ces terrains doivent permettre d’ouvrir une zone de stockage de déchets radioactifs pour une durée de 30 ans sur 1600 hectares. L’Etat a ainsi réussi à se procurer 144 hectares soit 9 % du projet total. 20 millions de m3 de déchets radioactifs doivent y être entassés.
- Japon : pour reconstruire la ligne de chemin de fer entre Tatsuta et Namié, emportée par le tsunami de mars 2011, la compagnie Japan Railway doit nettoyer les sols, ce qui représente 300 000 m3 de déchets radioactifs. Pour le moment, les sacs sont stockés le long de la ligne. Comme la compagnie veut éloigner la ligne du rivage, elle cherche à acheter des terrains en retrait, mais c’est extrêmement long. Elle annonce la remise en état de la ligne pour 2020.
- Japon : l’équivalent de notre Cour des comptes vient de publier un rapport sur les problèmes de stockage des déchets radioactifs dans la zone décontaminée de la région de Fukushima. L’entreposage initial prévoyait de poser les sacs sur une surface bombée pour que l’eau ne stagne pas au milieu des sacs. Les inspections ont montré qu’avec le temps, le sol s’est tassé sous le poids des sacs et qu’il s’est souvent formé un creux dans laquelle l’eau stagne et se charge de radioactivité. La présence de l’eau favorise par ailleurs la germination de graines qui percent ensuite les sacs.
- Japon : l’autorité de régulation nucléaire, la NRA, s’interroge sur le devenir des déchets très radioactifs. Elle propose de les enterrer à 70 mètres sous le sol, sous la responsabilité des compagnies électriques pendant 3 à 4 siècles, puis sous le contrôle de l’Etat pour les 996 siècles suivants. Soit 100 000 ans ! Le gouvernement compte toujours déclasser les déchets lorsqu’ils passent sous la barre de 8000 Bq/kg… alors que cette limite était de 100 Bq/kg avant l’accident. 80 fois plus.
- Japon : alors que la demande d’électricité a fortement baissé depuis l’accident [l’objectif fixé par le gouvernement de 10 % a été dépassé], la compagnie Kyushu Electric vient de lancer sur internet une campagne de publicité pour des radiateurs et climatiseurs électriques. Le gouvernement n’a rien trouvé à y redire.
- Japon : les deux réacteurs de Sendai dont un des réacteurs est à l’arrêt pour maintenance et dont l’autre doit être arrêté en décembre ont des cuves forgées par Japan Casting & Forging Corp . Or c’est cette compagnie qui a forgé pour le compte d’Areva les cuves des cinq réacteurs qu’EDF vient d’arrêter en urgence en France, après constat de fraudes sur les contrôles de qualité par Areva. Le nouveau gouverneur de la région, antinucléaire, a demandé des vérifications sur les cuves des deux réacteurs de Sendai.
23 octobre
- Taïwan : le gouvernement présente un plan pour respecter l’engagement d’arrêter le nucléaire dans le pays d’ici 2025. Le nucléaire représente actuellement 16 % de la production électrique. Il devrait être remplacé principalement par de l’éolien et du gaz. Le gouvernement veut aussi développer des techniques pour éviter le recours à la climatisation qui entraine chaque été des pics de consommation.
25 octobre
- Japon-France : De 1995 à 2006, les cuves commandées par Areva aux forges japonaises JCFC ont été défectueuses sans que ni les autorités de sûreté du Japon ni celles de France aient remarqué que les contraintes de départ n’avaient pas été respectées. 18 réacteurs en France, 13 au Japon sont concernés par ces défauts de fabrication. Greenpeace demande comment cela a été possible. Le même jour, l’Autorité de sûreté nucléaire française annonce avoir déposé une plainte contre Areva pour « falsifications ». Son président Pierre-Franck Chevet, reconnaît que ni les contrôles internes d’Areva sur Le Creusot, ni celles d’EDF sur Areva n’ont détecté ce qui s’apparente à des falsifications.
26 octobre
- Japon : l’estimation du coût final de la catastrophe de Fukushima ne cesse d’être revue à la hausse. Une équipe universitaire arrive maintenant à 11 082 milliards de yens (95 milliards d’euros). L’équipe reconnait qu’il ne s’agit sans doute pas du chiffre définitif. Elle en est maintenant au double de l’estimation de 2013.
29 octobre
- Japon-Monde : le Japon a voté contre une résolution de l’ONU appelant à des négociations pour l’abolition de l’arme nucléaire. 123 pays ont voté en faveur de l’ouverture de discussions en 2017 afin d’aboutir à un traité abolissant l’arme nucléaire et 38 contre. Sans surprise, les Etats-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni ont voté contre. Le Japon, l’Allemagne, l’Australie, la Corée, le Canada… qui bénéficient de la protection nucléaire américaine, aussi. La Chine et 15 autres pays se sont abstenus.
- Japon : le panneau figurant à l’entrée de la commune de Futuba portant le slogan « Le nucléaire, l’énergie d’un avenir radieux » devait être démonté. Une pétition demandait son maintien. Finalement, il sera enlevé et transféré dans un musée de Fukushima où il sera exposé.
30 octobre
- Japon : le nouveau gouverneur de Kagoshima, élu sur un programme nucléaire, annonce que finalement il ne maintient pas sa demande de maintenir à l’arrêt la centrale de Sendai, prétextant qu’un gouverneur n’a pas ce pouvoir… ce qu’il savait bien avant d’être élu. Le quotidien Asahi rappelle que les compagnies d’électricité se targuent d’obtenir la compréhension des élus locaux !
31 octobre
- Japon : Tepco annonce de mauvais résultats financiers pour le 2e semestre 2016 : d’une part aucun de ses réacteurs n’a redémarré et d’autre part, l’estimation des indemnités à verser aux victimes de l’accident (80 milliards d’euros) s’avère très sous-estimée.
- Japon : les contrôles sur 42 422 enfants jusqu’alors classés comme sains ont permis de découvrir 393 nouveaux cas de nodules et kystes au niveau de la thyroïde, nécessitant des examens complémentaires. Actuellement 721 enfants ont déjà subi une biopsie thyroïdienne permettant de confirmer un cancer dans 175 cas. 136 enfants ont été opérés pour essayer de stopper la multiplication des métastases. 124 ont subi une ablation partielle de la thyroïde, 12 une ablation totale. L’augmentation du nombre de cas en deux ans correspond à une incidence de la maladie de 6,3 cas pour 100 000 alors que cette incidence était de 0,3 avant l’accident de Fukushima soit une multiplication par 21. Mais officiellement, il ne s’agit toujours que de la conséquence de la multiplication des examens.
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