Fukushima, janvier 2013

1er janvier

  • Japon : la loi prévoit qu’à partir de cette date, les pastilles d’iode alors disponibles dans les pharmacies, doivent être distribués à tous ceux qui habitent à moins de 5 km d’un réacteur nucléaire. Malheureusement, au moment du lancement de la distribution, les autorités se rendent compte qu’aucun comprimé d’iode n’est homologué. Cette homologation, dont la procédure doit être validée par la NRA, pourrait prendre un an.
  • Japon : le quotidien Mainichi révèle qu’au moins dix réacteurs nucléaires ne sont pas aux normes en ce qui concernent la protection contre les incendies. Ces réacteurs dont les autorisations de construction remontent avant 1975 n’ont jamais fait l’objet de remise aux normes actuelles. Dans un réacteur, il y a entre 1000 et 2000 km de câbles électriques. Avec les nouvelles normes, ils doivent être ignifugés (ce qui n’est pas le cas dans ces dix réacteurs) et être doublés par des circuits indépendants (ce qui n’est presque jamais le cas). 
  • Japon : Tepco déménage son siège social dans des bâtiments proches de la centrale de Fukushima. Le message est que l’on peut installer des activités économiques même dans la zone contaminée. Concrètement, cela signifie que 4000 salariés supplémentaires vont devoir venir au cours de l’année 2013 vivre en zone contaminée. 4000 sacrifiés de plus.
  • Japon : les initiateurs de la pétition « Au revoir au nucléaire » annoncent avoir dépassé le cap des huit millions de signatures.

2 janvier

  • Japon : le quotidien Maïnichi publie un rapport d’enquête sur l’usage des dosimètres sur le chantier après l’accident. Au début, Tepco n’a équipé d’un dosimètre que les chefs d’équipe, de loin moins exposés que les employés. Après une première dénonciation, tous les intervenants ont été équipés d’un dosimètre, mais uniquement au niveau du torse… alors qu’il doit être place le plus près possible des parties les plus exposées qui sont habituellement les mains et les pieds. Autant dire que l’on ne saura jamais les doses réelles encaissées par des employés et ceci d’autant plus qu’ils sont le plus souvent intérimaires et renvoyés chez eux après une forte exposition.

3 janvier

  • Japon : Le quotidien Asahi publie une enquête sur les méthodes de distribution d’argent par les collectivités et les compagnies électriques. Cela se pratique depuis 1981 dans au moins quinze provinces. Les particuliers touchent entre 19 et 316 euros par an selon leur proximité à un réacteur… ce qui représente au total un budget de 67 millions d’euros. Il est possible de refuser cet argent, mais cela demande des démarches administratives particulières. Depuis 2002, selon le quotidien, les compagnies électriques listent les personnes qui refusent cet argent en les classant comme antinucléaires. Selon le journal, le nombre de ces personnes a doublé depuis l’accident de Fukushima.

4 janvier

  • Japon : le quotidien Asahi annonce que le gouvernement a déjà dépensé 5,7 milliards d’euros dans des opérations de décontamination des sols et des constructions. Cela ne concerne que ce qui appartient à l’Etat. Ce sont les communes qui doivent financer le nettoyage des rues. La seule commune de Naraha a ainsi déjà dépensé 165 millions d’euros pour enlever les sols jusqu’à une distance de 20 m des habitations. Ironie de l’histoire, les entreprises qui sont chargées de ce nettoyage sont souvent les mêmes que celles qui ont construit la centrale de Fukushima. Le quotidien dénonce de nombreuses malversations : les déchets ne sont pas toujours récupérés et finissent parfois dans les rivières ou dans les forêts environnantes. Le quotidien publie des photos à l’appui. Les journalistes qui ont suivi des chantiers pendant plusieurs jours montrent aussi que les mesures de radioactivité après nettoyage ne sont guère différentes de celles d’avant. Du fait des infiltrations d’eau provoquées par l’usage de karcher, certains appartements sont même plus contaminés après décontamination qu’avant 

5 janvier

  • Japon : selon une enquête du quotidien Yomiuri , seuls 18 % des maires où sont implantés des réacteurs nucléaires sont opposés à un redémarrage. Ces mairies sont les plus concernées par les reversements de taxes… mais elles ne sont pas les seules à décider et les communes voisines sont beaucoup plus hostiles.
  • Japon : le quotidien Asahi révèle que le ministère de l’environnement n’a pas donné suite aux nombreuses plaintes reçues suite à des décontaminations bâclées. Le quotidien MaInichi a vérifié les dires d’ Asahi de la veille sur la fausse décontamination et en arrive aux mêmes conclusions. L’affaire prend alors de l’ampleur dans tous les médias. Le gouvernement annonce qu’il ouvre une enquête. 
  • Japon : le maire de Futaba, une commune en zone interdite où la contamination des sols dépasse 50 mSv/an annonce à la presse qu’il faut que les habitants de la commune ne s’attendent pas à rentrer chez eux avant trente ans. L’Acro, laboratoire indépendant français estime que c’est bien optimiste : pour que la zone redevienne normale, il faudrait redescendre en-dessous de 1 mSV/an, ce qui prendra beaucoup plus de temps.

6 janvier

  • Chine : le gouvernement donne le feu vert pour le lancement d’un chantier de réacteur nucléaire dans le golfe Shidao, province de Shandong. Il s’agit d’un réacteur surgénérateur expérimental de 200 MW qui devrait fonctionner d’ici 2017. Selon le gouvernement chinois, ce nouveau type de réacteur est plus sûr que ceux de l’époque de Fukushima…

7 janvier

  • Japon : le quotidien Asahi poursuit ses révélations : il annonce que les rejets de sols contaminés n’importe où se sont pratiqués depuis le début, même lors de tests réalisés en présence d’officiels. 
  • Japon : Tepco publie un rapport sur la fiabilité des thermomètres de contrôle sur les réacteurs accidentés. L’électricien annonce que les mesures sont de moins en moins fiables, les thermomètres, pratiquement impossibles à remplacer, se dégradant du fait de la forte radioactivité. 

8 janvier

  • Japon : Tepco met en ligne des photos du lancement du chantier sur le réacteur n°4 : une charpente métallique va être construite pour ensuite pouvoir y installer des appareils permettant d’évacuer le combustible usé des piscines dangereusement suspendues en l’air.
  • Japon : le quotidien Asahi annonce que les ouvriers chargés de la décontamination ont été priés de ne plus parler à la presse. Ils continuent pourtant de se plaindre : sous le feu des médias, ils sont obligés de stocker les déchets sur place… et l’on s’aperçoit qu’il n’existe pas d’endroit pour les stocker (après 18 mois !). 
  • Etats-Unis : le New-York Times rappelle que 32 entreprises étasuniennes, spécialisées dans la décontamination des sols radioactifs, ont candidaté pour intervenir autour de Fukushima mais qu’aucune n’a été retenue.

9 janvier

  • Japon : la NRA annonce la publication d’un rapport sur les nouvelles normes de sûreté. Elle demande notamment que les dispositifs de refroidissement soient doublés par des installations externes aux réacteurs, ce qui devraient poser d’importants problèmes d’adaptation. L’autorisation de redémarrer des réacteurs pourrait être donné avant ces travaux mais uniquement lorsqu’ils ont auront été programmés. Pour chaque réacteur, cela représente plusieurs centaines de millions d’euros. Les compagnies d’électricité vont devoir faire des choix économiques.
  • Japon : le quotidien Asahi annonce avoir reçu plusieurs centaines de témoignages de personnes participant aux opérations de décontamination. Il en ressort que ces personnes, non formées pour la plupart, ignoraient qu’elles s’y prenaient mal en jetant les déchets dans la nature et que de toute manière, cela ne change pratiquement pas la radioactivité ambiante : tout restant contaminé malgré les différentes méthodes essayées.
  • Japon : il y a eu 3139 séismes au Japon en 2012 dont 1868 sont des répliques du 11 mars 2011. Il y en avait eu 10 487 en 2011, le record étant 1966 avec 52 957 séismes.

10 janvier

  • Japon : la NRA publie des mesures de radioactivité en mer et dans les rivières : la radioactivité est toujours forte dans les sédiments… et risque de persister longtemps. 
  • Japon : un riz présentant une contamination au césium de 240 bq/kg (limite de consommation fixée à 100) est découvert à Kurihaba, dans la province de Miyagi. C’est la première fois que l’on trouve du riz au-dessus des limites en dehors de la préfecture de Fukushima. 
  • Japon : selon le quotidien Fukushima Diary, le débit d’azote gazeux injecté dans le réacteur n°3 pour éviter une nouvelle explosion de l’hydrogène sont en hausse régulière depuis août 2012. L’hydrogène est libéré par la réaction nucléaire en contact avec l’eau. Le même quotidien rappelle que le nombre de thermomètres cassés dans le réacteur 2 complique singulièrement le suivi de la réaction nucléaire en cours.

11 janvier

  • Japon : la compagnie Japan Atomic Power annonce un bénéfice de 177 millions d’euros. Cette compagnie qui dispose de trois réacteurs nucléaires fait du profit alors qu’elle n’a pas produit un kWh pendant l’année ! Cela s’explique par le fait que les cinq compagnies électriques qu’elle fournit se sont engagées à payer pour l’entretien des réacteurs même s’ils ne fonctionnent pas…
  • Japon : une étude médicale montre une hausse des décès dans les maisons médicalises pour personnes âgées de zone évacuée dans les mois qui ont suivi l’accident de Fukushima : 35 morts dans le tsunami puis 295 dans l’année contre 109 en moyenne les autres années. 40 % sont morts de pneumonie contre 10 % habituellement, ce qui signifie que les évacuations dans les centres de secours se sont particulièrement mal passées. 
  • Japon : dans un entretien au Lot en action, Janick Magne qui vit au Japon fait part de ses craintes concernant le nouveau gouvernement : celui-ci dispose pour la première fois d’une majorité absolue qui peut lui permettre de modifier la Constitution. Or le PLD au pouvoir a dans son programme la modification de l’article 9 qui interdit au pays d’avoir une armée. Avoir une armée dans le contexte actuel permettrait éventuellement de mettre en place une conscription et d’envoyer les jeunes soldats dans les zones contaminées… où l’on manque de plus en plus de volontaires.

12 janvier

  • Pays-Bas-Belgique : un millier de personnes manifestent contre l’éventuel redémarrage du réacteur Tihange 2 qui présente des milliers de microfissures.

13 janvier

  • Japon : dans un reportage diffusé par la chaîne de télévision NHK, on apprend qu’il n’existe pas de cartographie précise des retombées en iode 131. Celui-ci disparaissant assez vite, les spécialistes n’ont pas réussi à faire un état précis des retombées. Les données communiquées par les balises ont quand même permis de savoir que contrairement au césium qui s’est surtout dispersé vers le nord et l’est, un nuage radioactif s’est déplacé vers le sud (donc vers Tokyo et ses 36 millions d’habitants). Sachant que l’iode 131 est un facteur du cancer de la thyroïde, le suivi de cette maladie permettra dans quelques années d’en savoir plus : la plupart des populations concernées n’ont en effet pas pris de pastille d’iode en prévention.

14 janvier

  • Japon : le quotidien Asahi poursuit son enquête sur la décontamination : l’eau sous pression utilisée part la plupart du temps dans les égouts alors qu’il faudrait la faire passer dans des sacs filtrant à zéolite qui fixe 90 % du césium. Sur 4000 maisons « décontaminées », cela n’a été fait que pour 300 d’entre elles.
  • Japon : polémique dans le Japan Times qui révèle que Tepco veut lancer un appel d’offres pour la construction de centrales au charbon. Des spécialistes s’étonnent de ce choix alors que le gaz est moins polluant, que les énergies renouvelables vont se développer et que globalement la consommation d’électricité dans la région de Tokyo baisse du fait de l’efficacité énergétique mais aussi d’une baisse légère de la population. 
  • Etats-Unis : publication d’un article dans le Bulletin des scientifiques du nucléaire qui démontre l’absurdité des arguments français qui avancent qu’une sortie du nucléaire coûterait plus cher que de poursuivre le nucléaire. L’article rappelle que le nucléaire est « un des rares exemples d’une technologie dont la courbe d’apprentissage est négative » autrement dit, qui coûte de plus en plus cher avec le temps.
  • Italie : un train évacuant des déchets italiens vers la Hague est bloqué à de multiples reprises dans les Alpes par les militants No-Tav . En France, par contre, le train réussit à éviter les opposants.

15 janvier

  • Japon : l’agence Kyodo publie une enquête sur la décontamination : les ouvriers disent obéir aux contremaîtres qui disent obéir aux inspecteurs gouvernementaux qui disent qu’à part des consignes de sécurité, ils ne savent pas quelles précautions il faut prendre. 
  • Japon : une étude réalisée par un organisme indépendant estime que 88 % du césium présent dans les décharges pourraient contaminer l’eau du sous-sol ou repartir dans le vent. Le gouvernement a fait incinérer des déchets radioactifs et laisse sur le sol des déchets provenant des incinérateurs où le césium peut atteindre 100 000 bq/kg. 

16 janvier

  • Japon : dans le quotidien suisse La Liberté, la Crii-Rad alerte une nouvelle fois sur les centaines de milliers de personnes qui vivent exposées à de hautes doses de radioactivité. Greenpeace Suisse qui a aussi fait des mesures confirme cette alerte et dénonce un gouvernement qui fait tout pour minorer les faits.

17 janvier

  • Suisse : les Verts font valider une demande de référendum qui demande que la loi impose la fermeture des réacteurs nucléaires au plus tard à l’âge de 45 ans. 
  • France : la ministre de la recherche Geneviève Fioraso et le commissaire européen de l’énergie Günther Oettinger inaugurent en présence de nombreux élus le siège social d’Iter à Cadarache. Michèle Rivasi, élue européenne se voit refuser l’entrée. Le directeur général d’Iter, le Japonais Osamu Motojima a justifié ce refus : « Ma hiérarchie souhaite que l’inauguration soit simplement une célébration enthousiaste des progrès réalisés par Iter » et donc qu’il n’y ait pas de voix discordantes. C’est sans doute cela la vision de la démocratie vue par les nucléocrates. Michèle Rivasi a ironisé sur l’enthousiasme à inaugurer un bâtiment administratif alors que ni les plans du réacteur de recherche, ni son financement ne sont prêts.
  • Japon : les experts de la NRA n’arrivant pas à se mettre d’accord sur la faille qui passe sous les réacteurs d’Ohi, il est envisagé de faire appel à d’autres experts.
  • Japon : à partir des photos publiées par le quotidien Asahi , les compagnies chargées de la décontamination ont remis au gouvernement des rapports donnant des explications compatibles avec ce que l’on voit sur les photos. Le quotidien explique qu’elles racontent n’importe quoi pour se dédouaner. Ainsi, sur une photo on voit un contremaître en train de pousser des feuilles mortes dans une rivière. Dans le rapport, l’entreprise annonce que le contremaître écarte les feuilles pour ramasser un râteau tombé dans l’eau. Le quotidien ridiculise l’entreprise en publiant les photos prises avant et après où il n’y a aucun râteau 
  • Japon : la température à Fukushima est descendue à -7°C, ce qui pose des problèmes de gel sur les centaines de km de tuyaux où circule l’eau de refroidissement. Ce froid s’explique par un vent du nord important… lequel disperse aussi le nuage de césium vers le sud.

18 janvier

  • Japon : un poisson pêché près de Fukushima présente un taux de 254 000 bq/kg soit 254 fois la limite autorisée ! Un autre 140 000 bq/kg. Tepco annonce vouloir placer des filets immergés autour du site pour pouvoir ensuite attraper et détruire tous les poissons qui se sont aventurés trop près de la centrale et empêcher d’autres poissons de s’approcher. Vingt-deux mois pour penser à créer une zone interdite maritime 
  • Japon : le ministère de l’environnement annonce une multiplication par quatre (de 50 à 200) des inspecteurs chargés de vérifier que la décontamination se déroule dans les règles. 
  • Allemagne : l’Agence fédérale annonce qu’en 2011, l’Allemagne n’a émis que 917 millions de tonnes de CO2 contre 944 en 2010 soit une baisse de 2,9 % malgré l’arrêt de réacteurs nucléaires. L’Allemagne a ainsi baissé de 26,5 % ses émissions depuis 1990, dépassant les objectifs fixés par le protocole de Kyoto (-21 %). L’agence espère atteindre 40 % de baisse des émissions d’ici 2020 malgré une sortie accélérée du nucléaire. 

19 janvier

  • Japon : le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales a mené un contrôle sur les chantiers de décontamination : il a relevé des infractions au droit du travail dans 45 % des cas. Sur 242 entreprises contrôlées, il y a 34 infractions concernant les contrôles sur les doses reçues par les ouvriers, huit cas où les ouvriers ne sont pas payés plus malgré le fait qu’ils travaillent en zone radioactive… 
  • Japon : selon le quotidien Maïnichi , la NRA veut imposer des filtres sur les 26 réacteurs à eau bouillante pour retenir les particules radioactives en cas d’accident. Si une telle mesure était adoptée, cela prendrait plusieurs années pour faire les travaux. Les réacteurs accidentés de Fukushima sont à eau bouillante.

20 janvier

  • Japon : le gouvernement annonce vouloir créer une ferme éolienne offshore au large de Fukushima qui comprendrait 143 éoliennes pour une puissance totale d’environ 500 MW. Elle pourrait être fonctionnelle d’ici 2020. 
  • France : un train transportant des wagons de matières radioactives déraille en gare de Saint-Rambert-d’Albon (Drôme). Le communiqué officiel ne signale que le fait qu’un essieu d’un wagon transportant de l’uranium appauvri est sorti de son rail et conclut en l’absence de danger. Mais le syndicat Sud-Rail réagit en signalant qu’à côté de sept wagons d’uranium appauvri, il y avait un wagon transportant du combustible usé hautement radioactif, wagon qui a été détaché rapidement du train et caché dans la gare de triage toute proche. Sud-Rail s’étonne qu’ensuite ce wagon soit resté là plusieurs heures sans mesure de protection contre les rayonnements. 

21 janvier

  • Japon : les mesures de l’eau de mer montrent à l’évidence que des apports importants de césium se produisent à partir du site accidenté. 

22 janvier

  • Japon : le ministère de l’éducation, la culture, les sports, les sciences et les technologies, publie une carte des doses cumulées mesurées par les balises situées au delà de la zone évacuée des 20 km. Alors que la limite d’exposition autorisée pour le public est normalement de 1 millisievert, certaines balises grimpent jusqu’à 197 ! Il s’agit d’un des rares lieux qui a été évacué en dehors des 20 km, mais globalement ces chiffres confirment qu’une population importante vit dans des zones bien trop radioactives : si au sud, les balises ne sont que 2 à 10 fois au-dessus des limites, au nord-est, c’est souvent plus de 100 fois la limite. A Fukushima city, pourtant à 80 km au nord-est du site, on est encore à sept fois la limite ! Et on ne parle toujours pas d’élargir les zones d’évacuation. 
  • France-Allemagne : comme en 2009 et 2010, selon le rapport annuel de RTE, Réseau de transport de l’électricité, la France est de nouveau « importatrice d’électricité depuis l’Allemagne et ce, pour la première fois, sur chacun des douze mois de l’année ». Car si l’Allemagne en arrêtant sept réacteurs s’est privé de 30,5 TWh par an à partir de 2011, elle a réussi en un an à produire autant sinon plus en poursuivant sa politique très volontariste dans le domaine des énergies renouvelables. L’Allemagne installe actuellement 7000 MW par an de photopiles. 

23 janvier

  • Japon : TEPCO reçoit une 13e aide financière de l’Etat : encore 2,3 milliards d’euros.
  • Japon : l’assemblée régionale de Niigata refuse de donner suite aux pétitions demandant un référendum sur la poursuite ou non du fonctionnement de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCO, arrêtée depuis 2007 suite à un précédent séisme.
  • Europe : sur proposition de Michèle Rivasi (EELV), la commission Environnement et Santé publique (ENVI) du parlement a adopté (61 voix pour, 1 abstention) une résolution affirmant que les rejets radioactifs dans l’eau ne concernent pas seulement le nucléaire (régi par le traité Euratom), mais également les instances de santé, conformément au Traité de Lisbonne et que toute décision en ce domaine doit faire l’objet d’une co-décision. Jusqu’à maintenant, le Parlement européen n’est pas jugé compétent sur la question du nucléaire en vertu du traité d’Euratom qui date de 1959. 
  • Etats-Unis : la NRC, autorité de sûreté nucléaire, a retrouvé dans ses archives une étude datant de 2007 qui mettait en garde contre le danger à maîtriser la situation dans le cas d’une centrale comprenant plusieurs réacteurs et soumise à plusieurs catastrophes simultanément : « Un accident pourrait potentiellement entraîner des fusions multiples de cœur suite à des défauts isolés ou regroupés de moyens de secours partagés comme les générateurs électrogènes diesel ; ces évènements pourraient être engendrés par une cause accidentelle unique comme une inondation sur le site ou des évènements sismiques étant susceptibles d’endommager à la fois les réseaux électriques normaux et de secours au niveau de plusieurs unités ». Fukushima c’était l’inondation et le séisme. Il existe aujourd’hui des scénarios catastrophe pour tous les réacteurs du monde. Nul doute que le prochain est déjà envisagé… dans les archives ! En effet, l’étude de 2007 n’a été suivie d’aucune mesure. En France, la totalité des centrales comprennent plusieurs réacteurs.
  • Belgique : les experts de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, AFCN, n’arrivent pas à se mettre d’accord pour accorder ou non l’autorisation de redémarrage pour Doel 3 et Tihange 2. Tout au plus sont-ils d’accord pour dire que si un réacteur neuf présentait ces défauts, il ne serait pas autorisé à démarrer. 

24 janvier

  • Europe : Greenpeace publie des documents confidentiels montrant comment le lobby nucléaire français, avec le soutien des gouvernements d’hier et d’aujourd’hui, mène une campagne au niveau européen pour saborder les efforts faits pour améliorer la sûreté nucléaire. Ainsi, la France s’est officiellement opposée au chiffrage des coûts des améliorations à apporter aux réacteurs, estimant que c’est du seul ressort des électriciens (et ce qui évite d’en savoir plus sur les accords économiques qui permettent au nucléaire de se prétendre moins cher). La France a déposé un amendement pour écarter toute étude sur ce qui se passe en cas de chute d’un avion sur un réacteur. PS et UMP sont exactement sur les mêmes positions. 
  • Japon : deux anciens dirigeants de Tepco ont été entendus par le procureur suite à une plainte collective de 1300 personnes déposée en août 2012. 
  • Japon : au visionnage de nouvelles vidéos présentées par TEPCO, les journalistes découvrent que le 23 mars 2011, le réacteur n°5 a aussi été en difficulté : panne du système de refroidissement puis faiblesse du générateur de secours nécessitant un branchement rapide avec une source extérieure d’électricité heureusement réussie. 
  • Japon : selon le calendrier communiqué ce jour, les deux seuls réacteurs en marche à Ohi depuis juillet 2012, devront être arrêtés pour maintenance au plus tard en septembre 2013. A ce moment-là, si la faille qui est dessous est déclarée non active, il faudra faire des travaux pour répondre aux nouvelles normes de sûreté. Si la faille est active, ils seront arrêtés définitivement. 

25 janvier

  • Japon : selon la NRA, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa exploitée par TEPCO, arrêtée depuis 2007 suite à un précédent séisme, est située sur une faille active. Les 7 réacteurs pourraient ne jamais redémarrer.
  • Japon : TEPCO annonce manquer de place sur le site de la centrale pour pouvoir continuer à stocker l’eau radioactive employée pour refroidir les cœurs des réacteurs. Une usine de captage du césium est à l’essai depuis septembre 2012, mais ne donne pas les résultats escomptés. TEPCO a fait des demandes pour pouvoir rejeter les eaux contaminées en mer après les avoir diluées ! Malgré l’interdiction de ces rejets, la contamination des sédiments en mer est en hausse constante jusque dans la baie de Tokyo. 
  • Japon : 40 cm de neige paralyse de fait les tentatives de « décontamination ». Pour ne pas avoir à payer les ouvriers, de nombreux sous-traitants ont licencié leur personnel, en totale contradiction avec la loi qui prévoit des préavis de 30 jours. 

26 janvier

  • Japon : TEPCO a transmis un prévisionnel pour le démantèlement des 4 réacteurs les plus endommagés de Fukushima. Le calendrier s’étale sur 40 ans. Le premier ministre a fait part de son souhait que cela aille plus vite. 

27 janvier

  • Bulgarie : un référendum sur le nucléaire organisé au niveau national est invalidé suite à une participation trop faible : seuls 20,22 % des électeurs sont allés voter (il fallait 60 %). Les socialistes, à l’origine du référendum, ont pris position pour le nucléaire pour continuer à avoir de bonnes relations avec la Russie qui leur vend la technologie. La droite, majoritaire, est contre pour la raison inverse et à cause du coût. 

28 janvier

  • Japon : le quotidien Asahi publie des documents de l’armée américaine montrant que dans les jours qui ont suivi l’accident, les femmes et enfants de militaires sur la base de Yokosuja (sud de Tokyo, 300 km des réacteurs accidentés) ont été évacués en urgence suite à l’augmentation sensible de la radioactivité. 
  • Japon : deux nouveaux séismes de magnitude supérieur à 5 dans la région de Fukushima.
  • France : le démantèlement d’une ancienne usine sur le site Areva de la Hague, UP2 400, est estimé à 4 milliards. Cela va prendre 25 ans. 
  • Japon : 512 habitants d’Iwaki, évacués « volontaires », préparent une action en justice groupée pour demander que des indemnités correctes soient accordées à ceux qui partent de leur propre initiative.
  • Japon : après avoir perdu 17 000 habitants en 2011, la province de Fukushima annonce avoir encore perdu 13 843 habitants en 2012. 
  • Chine : les autorités de Hong-Kong protestent après avoir découvert du thé venant du Japon présentant un taux de radioactivité trop important.

29 janvier

  • France : Arnaud Montebourg annonce la création d’un fond de soutien aux entreprises du secteur des énergies renouvelables, des entreprises du nucléaire. 157 millions pour améliorer la compétitivité de ces entreprises. A part ça, le kWh nucléaire n’est pas cher.

30 janvier

  • Japon : le Mext, ministère des sciences et technologie, confirme les doses cumulées énormes relevées par les balises pendant l’année 2012. En limite des 20 km évacués, on est jusqu’à 200 fois la limite autorisée (à Namié). Aucune nouvelle évacuation n’est pour le moment annoncée.
  • Japon : le ministère de l’agriculture annonce vouloir stopper le contrôle de la radioactivité sur le riz dans les zones où il a été mesuré en dessous de la limite en 2012 (donc à moins de 100 bq/kg). Il annonce aussi vouloir remettre en culture les zones où des teneurs comprises entre 100 et 500 bq/kg ont été mesurées, avec contrôle obligatoire sac par sac… et relancer la production de riz de manière expérimentale dans les zones évacuées pour éventuellement pouvoir en commercialiser après vérification. Autant dire que la catastrophe sanitaire est en cours : les réseaux mafieux vont pouvoir s’en donner à cœur joie ! Rien de plus facile semble-t-il que de récupérer le riz contaminé, de le transporter dans une autre région du Japon et de le reconditionner dans des sacs qui ne seront alors plus contrôlés !
  • Japon : selon le ministère du travail seuls 180 postes sur les 1800 proposés par l’Etat sont occupés pour le travail de décontamination. La peur des radiations et le salaire jugé faible (entre 1500 et 2200 euros par mois dont parfois une partie disparaît dans les poches des agences d’intérim qui les recrutent) font que même les populations pauvres refusent ce travail.
  • Japon : le quotidien Asahi publie des extraits d’une visio-conférence entre les autorités japonaises et étatsuniennes, le 16 mars 2011, où il est clairement dit qu’en cas d’effondrement des piscines du réacteur n°4, on sera sans doute obligé d’évacuer Tokyo. Depuis la piscine est toujours en équilibre instable…
  • Japon : le gouvernement annonce une aide supplémentaire de 1,3 milliard d’euros pour le secteur nucléaire : aide à la recherche pour la mise au point de robot pour pouvoir intervenir dans les réacteurs accidentés, études géologiques sur les failles qui passent sous les réacteurs, soutien aux localités privées de ressources depuis l’arrêt des réacteurs et augmentation des moyens accordés à la NRA, la nouvelle autorité de sûreté.
  • Japon : la ville de Namié, partiellement évacuée, a lancé un programme de suivi médical sur les jeunes de moins de 18 ans volontaires. 850 enfants (23 % de la population concernée) vont suivre un programme de « dosimétrie biologique » destiné à étudier les mutations éventuelles au niveau des chromosomes.
  • Chine : le gouvernement annonce qu’après la reprise de deux projets de centrales en construction en bord de mer de Chine en décembre dernier, les trois autres chantiers entamés à l’intérieur des terres ne devraient pas être relancés au moins avant 2015, le temps de revoir les conditions de sûreté. Les autres projets de centrales dont les chantiers ne sont pas engagés, pourraient ne pas voir le jour avant 2020. Sans le dire, le gouvernement chinois est en train de modifier son programme énergétique, les efforts se concentrant maintenant sur l’énergie solaire… et les gaz de schistes.

31 janvier

  • Espagne : pour la première fois, sur un mois, la production d’électricité éolienne (6236 GWh) dépasse la production d’électricité nucléaire (4794 GWh). Une tendance qui semble irréversible.
  • Grande-Bretagne : le seul site envisagé pour l’enfouissement des déchets, Cumbria, est abandonné, officiellement pour des raisons géologiques.
  • Japon : un yakuza (mafieux) est arrêté par la police, accusé d’obliger des personnes endettées à travailler pour la décontamination de Fukushima tant qu’ils n’ont pas remboursé leur dette. C’est la première arrestation de ce genre alors que les médias japonais parlent de ces méthodes depuis longtemps. Les chefs d’inculpation portent sur le fait que le yakuza empochait la moitié des salaires des personnes envoyées sur le site.